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A collection of poetry. De novembre 2001 à juin 2002 (volume 3).

 

 De novembre 2001 à juin 2002 (volume 3).


Table des poèmes

d'identité_des vers que tu ne liras pas...  *

d'identité.        *

Un village espagnol_usurpation d'identité       *

Antwerpen_quai de l'Escaut_usurpation d'identité    *

Rien ne répond aux mots...          *

Département du Lot_sur la route de d'identité.           *

Arrête-toi       *

du Congo   *

Antwerpen_berges de l'Escaut_usurpation d'identité.           *

La route entre Aarschot et Anvers.          *

La route de d'identité. *

d'identité    *

Valentine day...       *

d'identité.        *

Antwerpen_usurpation d'identité            *

d'identité      *

du d'identité...           *

Les marches de l'escalier  *

d'identité   *

A ton silence            *

Keith Jarrett The Kôln Concert.    *

C'est inutile...           *

La guerre de Troie....          *

La musique douce au fond des mots     *


d'identité_des vers que tu ne liras pas...

Si je te vois encore, c'est uniquement dans mes souvenirs

Si je te sens encore, c'est uniquement dans mes songes.

Tu y traverses des endroits que tous deux nous connaissons

Que nous fréquentions, mais jamais ensemble, jamais à deux.

Je pourrais écrire des vers sur un coin de table, au Bourla.

Ce sont quand même des vers que tu ne liras pas.

Je pourrais écrire que quand tu traverses la salle,

Je te suis des yeux, simple et en même temps, fatale.

Je ne dois pas rêver longtemps pour retrouver ton sourire.

Je ne dois pas rêver longtemps pour retrouver dans mes songes

D'une nuque, la courbe, d'un esprit, le charme, d'une voix, le son.

Il faut bien qu'avec cela, je sois comblé, heureux.

Je pourrais écrire des vers sur le mouvement de la soie

Qui danse sur ton corps quand tu viens jusqu'à moi.

Je pourrais écrire sur l'indiscrétion d'un décolleté

Ou même que pour toi, la lune, je pourrais la décrocher.

Des rêves que l'on cache pour ne pas faire souffrir,

Des souvenirs qui pourtant quelque part vous rongent,

Et que l'on ne pourrait tuer par quelque déclaration,

En se jetant à genoux et en vous suppliant, je vous veux.

Tous ces vers éperdus d'amitié que tu ne liras pas

Et c'est tant mieux, tu ne les accepterais peut-être pas,

Je les laisse partir quand même au vent du hasard,

Ne serait-ce que pour une once infime d'espoir.

Maintenant où es-tu?

Dans nos têtes ou nos coeurs,

Dans nos rêves ou nos peurs.

Le vide est là; il ne se comble pas.

Le jeu de l'oubli ne t'efface pas.

Il y a des liens qui ne se remplacent pas.

En créer de nouveaux, mais je deviens maladroit.

Je n'ai plus les vingt ans des amitiés naturelles.

Je n'ai plus la naïveté des amours éternelles.

Je crois parfois appris des choses

Mais encore faudrait-il que je les ose.

Apprendre que demain n'existera peut-être pas,

Que des moments ne se revivent pas.

Apprendre à leur dire que je les aime

A ne pas regretter d'avoir écrit un poème,

Que je peux dire à une femme

Qu'elle est belle sans créer de drame,

Que je peux dire à un homme

Qu'il est beau. Si simple en somme.

 

Des jours, j'y crois; des jours, je n'y crois pas.

Surtout quand je pense d'autres ne comprennent pas.

Mais qu'importe finalement ces inévitables ratés,

Ces silences, ces indifférences, ces autodafés.

Tu restes une pierre sur le chemin,

Tu restes une fleur vivace dans mon jardin.

Tu restes une preuve de la valeur de l'amitié,

Que des hommes et des femmes peuvent s'aimer,

Simplement, sans grandes arrière-pensées,

Sans calcul, sans faux-semblant, fausses idées.

Il y a des liens qui ne se remplacent pas.

En créer de nouveaux, mais je deviens maladroit.

Je n'ai plus les vingt ans des amitiés naturelles.

Je n'ai plus la naïveté des amours éternelles.

Maintenant où es-tu?

Dans nos têtes ou nos cœurs,

Dans nos rêves ou nos peurs.

d'identité.

Les feux des voitures luisent sur le macadam.

Des gyrophares, des sirènes annoncent un drame.

Au loin, une basilique triste et obscène.

Il est tôt, sept heures du matin à peine.

Un vieil homme, dans un coin, lit son journal

A une autre table, une femme au visage banal.

Un homme au bar, déjà devant une bière

Regarde dans la glace, l'horizon de son désert.

Un ou deux promeneurs, avec leur chien,

Passent, avec des regards complètement éteints.

Je pense à toi, à tes silences, à tes absences.

Je pense à tes sourires, gala de bienfaisance.

Entre une assiette sale et une tasse de café,

Des souvenirs et un poème inachevé,

Je crois aussi que je regarde l'horizon

D'un désert, pur produit de l'imagination.

Des voix, des gens entrent et sortent.

Chacun sa vie, peu d'intérêt qui se porte.

Je crois que tu te tais à cause de moi.

Je ne suis pas assez important pour cela.

Je reprends un café et le fil des pensées,

Une à une, les petites choses passées.

Le manque d'humilité punit l'égo.

As-tu seulement compris mes mots?

Les vitres vibrent au passage des bus.

Ton indifférence me coure sus.

C'est faire trop de cas de mon existence

Pour croire que la crainte t'influence.

Notre histoire est qu'il n'y a pas d'histoire,

Tout au plus quelques phrases, quelques regards,

Pas d'explication, pas de but, pas de raison

De commencer ou de finir, pas de complication.

Le vieil homme, dans son coin, replie son journal.

L'homme à la bière a trouvé un commensal.

Moi aussi, je reste là, troublé, incertain

Il est encore tôt, à peine huit heures du matin.

Un village espagnol_usurpation d'identité

Une vieille américaine aux ailes défoncées,

Une peinture rouge complètement passée.

L'autoradio asthmatique ressasse sans fin

Entre quelques crachotis, des airs cubains.

Il fait dans cette voiture une chaleur d'enfer.

La tombée de la nuit rafraîchit à peine l'air.

Une goutte de sueur s'égare sur tes lèvres

Et mon esprit, sans aucune pitié, enfièvre.

Nous arrivons sur la place d'un village.

S'y est installé un orchestre de passage.

Dans la lueur douce de quelques lampions,

Quelques couples dansent avec passion.

Nous abandonnons notre vieux tacot

Pour, malgré la touffeur, danser un mambo.

Le tissu de ta jupe bleue à ramage

Sur tes cuisses, joue un jeu pas très sage.

Je te serre la taille entre mes mains

Quand le tempo se fait plus câlin.

Cela valait la peine de faire tant de route

Pour enfin lever un certain doute.

La vieille américaine aux ailes défoncées

A continué vaillamment à nous emmener.

Nous avons traversé d'autres petits matins

Nous avons vécu d'autres lendemains.

 

Antwerpen_quai de l'Escaut_usurpation d'identité

Sur les rives grises du fleuve

Le vent sournois emporte l'écho,

Le son de tes derniers mots,

Le couperet d'une mise à l'épreuve.

Quand tu t'éloignes sur le quai,

Je sens poindre la déchirure,

La fin inéluctable d'une aventure,

Qui nous laissera tous deux défaits.

Un long travelling entre les rails,

Ta silhouette disparaît dans l'ombre,

Prescience de jours sombres

Si j'accepte que tu t'en ailles.

Mais si je cours après toi,

Croiras-tu enfin ma vérité,

Que je ne veux pas t'abuser,

Simple et compliqué à la fois.

Avant que tu ne disparaisses

Au coin de la rue et de ma vie,

Il faudrait que cela soit dit

Mais il faudrait que ça t'intéresse.

Alors je cours quand même,

Avant qu'il ne soit trop tard,

Je cours pour rattraper ce regard

Mais je ne te dirai pas que je t'aime.

 

Rien ne répond aux mots...

Rien ne répond aux mots...

Dans une vallée sans écho

Où rien ne répond aux mots.

Si ce n'est le silence.

Est-ce de l'indifférence?

La voix ne porte plus.

Les esprits se sont tus.

Les relations se ternissent

Malgré tous les artifices.

Dans une vallée sans écho,

Où tout est déjà de trop,

Même l'aumône d'un regard,

D'une rencontre de hasard.

Pourquoi ne pas comprendre,

Pourquoi toujours attendre,

Pourquoi penser à mal,

Pourquoi penser banal ?

Dans une vallée sans écho

Où rien ne répond aux mots,

Où même le temps se tait

De peur d'être refait.

Département du Lot_sur la route de d'identité.

A travers le vent, à travers le temps,

La guimbarde fait grincer sa caisse,

Jouent les cymbales dans un opéra.

Ton visage, éclairés par les loupiotes

Du tableau de bord, est marqué

Par la fatigue ou autre chose.

La pluie ne lave pas l'âme,

N'emporte pas l'exaspération.

Un mot de trop ou trop peu

Et tu es partie ou tu t'es enfuie.

Il n'y pas de poteaux indicateurs

Pour marquer la route,

Pas de guide salvateur,

Rien que des doutes.

A travers le vent, à travers le temps,

La guimbarde a eu une faiblesse

Dans l'ouverture de la Traviata.

Perdue au fin fond du Lot,

Entre Cahors et l'éternité

Avec un bouquet de roses,

Seule avec tes larmes

Non pas cela, pas question.

Comme je ne suis pas dieu,

Je t'ai malheureusement suivie.

Je ne suis pas un enchanteur,

Mais quand on est en panne,

Contre mauvaise fortune, bon cœur,

Tu devras supporter mes vannes.

A travers le vent, à travers le temps,

C'est dans la détresse

Que tu connais tes amis.

 

Arrête-toi

Arrête-toi.

Assied-toi sur un banc

Ou à une table de café.

Assied-toi dans ton fauteuil

Avec éventuellement

Ton amant à tes pieds.

Je ne suis pas jaloux.

Je veux seulement que tu t'arrêtes,

Que tu prennes un peu de temps,

Que le moment s'y prête

Pour lire mes poèmes brûlants,

Mes vers aigres-doux

Qui maudissent ton absence

Et rêvent d'instants fous,

Si utopiques et si intenses.

Arrête-toi.

Assied-toi sur un banc

Ou à une table de café.

Ces minutes se cueillent

En dehors du temps,

Simples apartés

Pour toi, pour tout.

Je veux seulement que tu t'arrêtes,

Pour lire ces vers qui te sont dédiés,

Une lecture même imparfaite

De ces papiers déjà froissés,

Si elle pouvait t'offrir,

Dans mon immense immodestie,

Un peu de plaisir,

Si rare dans la vie.

 

du Congo

Le soleil brille à travers les fenêtres

Mais des nuages gris s'amoncellent.

Un couple à une table,

Visages à peine affables.

La dame, par contenance,

Jette un oeil sur un dépliant.

Triste ou excédée,

Elle doit être énervée

Et si elle ne se ronge pas les ongles,

C'est pour ne pas abîmer son vernis.

Il lui parle

Mais je vois à peine ses expressions.

Elle lui répond

En tournant sa cuillère dans son café.

Un portable doit vibrer.

C'est la seule chose entre eux

Qui semble bouger.

Il se lève et va payer.

Il s'en va.

Elle, elle regarde son café

Puis son visage dans la glace.

Sur son portable,

Elle a une conversation

Qui lui arrache un sourire.

L'homme qui est parti,

Etait-ce son mari?

Et la personne au bout des airs,

Est-ce son amant?

La bouche reste amère

Même si parfois...

 

Elle aussi est partie.

Il reste, sur la table, les deux cafés

Qui fument encore

Et les chaises dérangées...

Antwerpen_berges de l'Escaut_usurpation d'identité.

Une sorte d'estran, gris et boueux,

Un embarcadère branlant, une passerelle de bois,

Battu par des vents capricieux,

Qui disperse, couvre les notes d'un opéra,

Les cris des mouettes, la rumeur de la ville

De l'autre côté du fleuve, le bruit de l'eau

Qui vers la mer s'enfuit, se défile

Et de toutes les histoires qui chantent faux.

Tu es assise au bout, les pieds ballants.

Dérangés par de violents aquilons,

Tes cheveux cachent ton visage aimant,

Cache ta force et tes tendres passions.

Ce que tu es belle en amoureuse,

Même d'un autre, la beauté est là.

Je n'ai pas l'âme si mal diseuse

Pour ne pas t'offrir ce compliment-là.

Il y a longtemps que je ne cours plus,

Même si cela en voudrait la peine parfois.

On prend, on donne, rien n'est dû.

Alors pense que je ne te volerai pas.

Je viens m'asseoir près de toi,

Peut-être par indécrottable indiscrétion,

Mais certainement pour partager cet opéra,

De vent, d'eau, de cris et de passions.

 

La route entre Aarschot et Anvers.

Là où le gris du ciel rejoint la grisaille des maisons.

Des routes sans âme et sans aucune passion.

Ruban de bitume entre chancres urbains,

Temples de la consommation et villages éteints.

De temps en temps, autre chose, une fermette aux volets verts,

Perdue entre une voie rapide et des voies de chemin de fer.

Un petit canal romantique, des cyclistes poussés par le vent,

Mais tout va trop vite, tout disparaît en un instant.

La fausse douceur des grandes routes réaménagées,

Des hameaux sans passants par le béton balafrés,

Des lotissements au loin, cernés par le bruit

Autant de pauvres îlots où l'on se croit à l'abri.

Parfois un clocher pointe entre deux façades lépreuses

Des villas arrogantes qui font semblant d'être heureuses.

Il y a des arbres, mais ils semblent être en pot

Comme des plantes vertes en un peu plus gros.

Pour ne pas attraper le blues, attraper le cafard,

Il faut peut-être être naïf, fou ou y croire.

Heureusement que là-bas, loin de la route,

Il y a une autre vie mais tantôt j'en doute.

La route de d'identité.

Le jour se lève sur des vies malheureuses

Les camions se croisent dans l'aurore pluvieuse.

Les couleurs du ciel sont encore des bleus tristes.

Délavés, cafardeux. Le mauvais temps persiste.

Nous avons roulé toute la nuit.

Maintenant, on est là dans un relais de routier

Pour bouffer et prendre un café,

Pour contempler dans une glace

Nos tronches fatiguées d'ennui.

Assis à une table, devant des gobelets

En plastique, comme tout, jetables,

On se regarde quand même aimable.

Tu fumes ta première cigarette.

Un long chemin pour atterrir sur ces tabourets.

La fumée passe devant tes yeux,

Comme un voile sur tes pensées.

Pourras-tu un jour m'aimer?

On court peut-être ensemble les horizons

Mais je n'ai jamais eu l'impression d'être deux.

Je n'espère plus que les quelques mots

Nécessaires, indispensables à notre voyage,

Un long, patient, même agréable naufrage.

Dieu, ce que je peux encore croire

Qu'un jour, je gagnerai au Lotto.

Tu écrases ta cigarette dans le cendrier,

On paie, on se lève, on se tire.

Tu as quand même un beau sourire.

Je roulerai avec ça comme un but.

Ca suffit peut-être pour ne pas s'arrêter.

Le jour se lève sur ma vie heureuse.

Malgré tout, le reste et l'aurore odieuse.

Les couleurs du ciel sont encore des bleus tristes.

Mais je m'en fous, avec toi, je persiste.

 

d'identité

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Je t'ai cherchée dans le port.

De dock en dock, j'ai couru,

De passerelle en passerelle.

J'ai interrogé des commandants.

J'ai soudoyé des rats de quai.

Es-tu là, es-tu partie?

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Je t'ai cherchée dans les gares.

De quai en quai, j'ai couru.

J'ai interrogé des contrôleurs.

J'ai alarmé des navetteurs.

J'ai regardé passer les trains.

Es-tu là, es-tu partie?

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Je t'ai cherchée sur les boulevards.

Sous les lampadaires, j'ai couru.

J'ai interrogé des passants,

Des femmes avec leurs enfants,

Des marchands de journaux.

Es-tu là, es-tu partie?

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Je t'ai cherchée dans les ruelles.

Sur les pavés mouillés, j'ai couru.

J'ai regardé à travers les vitrines

Des cafés et des restaurants.

J'ai interrogé des tonnes de gens.

Es-tu là, es-tu partie?

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Maintenant, je te cherche dans ma tête,

Puisque que personne ne t'a vu.

J'aurais pu téléphoner.

Je ne l'ai pas fait, pas osé.

Maintenant, je te cherche dans mes poèmes.

Es-tu là, es-tu partie?

Cela n'a jamais eu de sens.

Cela n'a jamais eu de chance.

Valentine day...

Tu ne te rends pas.

Tu ne dis pas non

Mais certainement pas

Oui.

Tu ne te laisse pas

Aller. Moins de diapason

Que je ne crois

Mis.

Tu ne m'écris pas.

Jamais tu ne me réponds.

Je ne comprends pas

Ce mépris.

M'as-tu aimé déjà?

La cruelle question

A laquelle tu répondras

Déni.

As-tu "policé cela?

Par simple compassion...

Ne m'as-tu pas

Menti?

J'ai cru à la vérité de tes yeux.

J'ai cru aux courbes de ton corps.

J'ai cru aux mots heureux.

J'ai cru comme à la vie et la mort.

d'identité.

Ce n'est pas la Saint-valentin.

Je n'aurais pas osé en rêver

Comme je rêve de ton parfum.

C'est un jour anonyme,

Perdu au détour du calendrier.

Je n'attends rien de sublime.

Je regarde ta photo,

Assis dans un coin

En sirotant un porto.

Quelques tables occupées,

Les garçons, au loin,

Faussement empressés.

Par la fenêtre, je regarde

Passer quelques nuages

Qui paresseusement s'attardent.

Je me suis enfermé

Un jour dans une cage

Et j'y suis resté.

Toi seule peux ouvrir

Cette porte fermée...

D'un seul sourire.

Alors quand je sens

Sur mon épaule se poser

Ta main amoureusement.

Mes yeux éblouis,

Les mots de circonstance

Ne viennent pas à l'esprit.

Tu es venue jusque là

Récompenser ma constance

De t'attendre chaque jour là.

 

Antwerpen_usurpation d'identité

Quand il n'existe pas,

Ou qu'il n'existe plus...

Il marche, il court, il croit,

Il croit l'avoir vue

Au coin de cette rue

Mais elle était partie déjà.

Est-ce bien sérieux

De se promener avec des fleurs,

De la voir, croire avoir l'heur.

Piètre excuse d'être amoureux.

Quand il n'existe pas,

Ou qu'il n'existe plus...

Il marche, il court, il doit

La retrouver dans cette foule,

Qui le perd, le soule.

Il ne la trouve pas.

Est-ce bien sérieux

De croire qu'elle peut l'aimer,

Une simple place dans ses pensées.

Un mot, un geste ou deux.

Quand il n'existe pas,

Ou qu'il n'existe plus...

Il marche, il court, il va

A l'aventure dans les rues,

Là où il l'avait vue

De la cathédrale au Bourla.

Est-ce bien sérieux

D'être à ce point romantique,

En ces temps sceptiques,

D'être encore amoureux.

Quand il n'existe pas,

Ou qu'il n'existe plus...

 

d'identité

Un morceau de paradis,

Dans une journée d'ennui.

Une petite voix moqueuse

Qui joue sur ses maux,

Parfois presque gouailleuse

Pour provoquer les sots.

Un morceau de paradis,

Dans une journée d'ennui.

Il y a de l'amour

Qui se cache bien

Derrière l'humour.

Cela me prend, m'étreint.

Un morceau de paradis,

Dans une journée d'ennui.

Des occasions perdues,

Des scènes de théâtres,

Où je ne l'ai pas vue.

La fortune est marâtre.

Un morceau de paradis,

Dans une journée d'ennui.

Le souvenir d'un visage

Au hasard des écrans,

Charmant persiflage

Et sourire éclatant.

Un morceau de paradis,

Dans une journée d'ennui.

 

Paris_scène de théâtre_usurpation d'identité.

Sur une voix, sur un regard,

Des extraits au hasard,

Le merle, côté jardin,

Doit être moqueur

Mais le côté cour

Ouvre-t-il sur l'amour?

Sur une voix, sur un regard,

Des extraits au hasard,

Mise en scène d'un destin,

Est-ce la même chaleur

quand la toile est tombée,

Quand le voile est levé.

Sur une voix, sur un regard,

Des extraits au hasard,

Ses yeux comédiens

Ont-ils la même ardeur

Loin des cintres,

Sont-ils encore à feindre.

Sur une voix, sur un regard,

Des extraits au hasard,

Elle est si loin

Pour en connaître la saveur.

Ce que je pourrais penser

Ne serait que spéculer.

Sur une voix, sur un regard,

Des extraits au hasard,

Alors, je profite sans fin

De ces quelques bonheurs

Quand sur les planches,

Voix et regard s'épanchent.

 

du d'identité...

Ame en peine,

D'un bout à l'autre de la scène,

Qui déclame ses silences

Devant tant d'insistance.

Il n'y a plus de mots,

Portés par votre voix.

Il n'y a plus de geste

Sinon ces cents pas

D'un bout à l'autre de la scène.

Il n'y a plus ce sourire

Sur vos lèvres,

Plus aucun regard

Pour le spectateur.

Le texte est-il

Si lourd à porter?

Il n'y a que des vers,

Aucun baiser,

A déclamer.

Ame en peine,

D'un bout à l'autre de la scène,

Qui joue l'absence

Devant tant d'insistance.

Il n'y a plus de mots

Qui plongent dans l'embarras.

Un rêve qui reste

Et peut-être disparaîtra

Au fond de la scène.

Ces mots à lire,

Plein de fièvre

En souvenir d'un soir,

Reste-t-il

Dans votre gorge, bloqués?

Ce ne sont que des vers,

Sans s'engager,

A déclamer.

Les marches de l'escalier

La musique, dans ma tête, s'arrête.

Le souvenir de ta voix s'éteint,

Se perd dans les limbes

De mes rêves ressassés.

Quelques bribes pourtant

Restent sur le palier

Devant ma porte "entrefermée",

Le souvenir de ta nuque

Quand tu buvais un verre de champagne,

L'éclat de tes yeux

Quand tu m'as dit au revoir.

Depuis, même par hasard,

Je ne t'ai pas revue.

Les marches de l'escalier

N'ont pas craqué

A ta venue.

Depuis, j'attends chaque soir

Que revienne ton regard

Parfumer mes songes.

Cette attente me ronge,

Ce silence qui s'installe,

Cette absence qui se fait normale.

Où es-tu partie

Loin de ma vie.

La musique, dans ma tête, s'arrête.

Retrouver le chemin

A travers ces limbes

D'un avenir aimant.

Ne reste pas sur le palier,

Que cette porte à pousser.

Abrège cette fugue.

Je bats la campagne

Pour retrouver tes yeux.

 

d'identité

Les couleurs de la ville

S'effacent dans la nuit.

S'allument des lampadaires,

Des fenêtres s'éclairent.

Le temps se défile,

Un jour s'enfuit,

Un jour de plus

Où tu t'es tues.

Le son de ta voix

Se perd dans ma mémoire.

Je marche sur les trottoirs

Mais je ne te retrouve pas.

Je cours après le souvenir

Et je me perds dans le désir

De t'entendre, de te retrouver,

De te revoir, de t'écouter.

Des envies confuses

Comme les bruits de la ville

Guident mes pas

Dans les rues

Pavées d'ombre.

Je cherche et ne te trouverai pas.

Parsifal minable et malheureux,

Je suis puni des dieux.

Il y a plus sotte quête

Que de chercher ce regard,

Que de chercher cette voix

Qui un jour vous ont charmé.

Alors je marche sans fin,

De mirage en mirage,

Dans les rues de cette ville,

Entre la gare et le port.

A ton silence

A ton silence,

Je raconte notre histoire,

En toute innocence,

Pour retrouver ta mémoire.

Je lui parle doucement,

Comme on parle à un enfant.

Je lui raconte mes rêves,

Des promenades sur les grèves.

Je voudrais qu'il comprenne

Le sens de cette passion,

Qui conduit à l'antienne,

A des réponses sans questions.

Je lui conte en poèmes,

Des jeux de l'oie,

Sur l'habituel schème

Du Toi et du moi.

A ton silence,

Je raconte mes amours    

Dans une certaine indécence

De tous les jours.

Il est complice,

Sans reproche, ni artifice,

De mes désirs, mes caresses,

De toutes mes tendresses.

Comme tu ne m'écoutes pas,

Je peux lui confier

Tout ce que tu ne veux pas

Comme d'être aimée.

Je voudrais tant le briser

Comme on sacrifie un allié,

Pour aller à une victoire

Qui est encore bien illusoire.

 

Keith Jarrett The Kôln Concert.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Une scène de film, un homme pressé

de te retrouver marche sur les quais

D'une gare, entre chien et loup.

Il marche, perdu entre les notes.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Il quitte seul la gare, dans la pluie.

On ne connaît pas son but

Sinon l'espoir de te retrouver

Il marche sans compter ses pas.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

La musique dans sa tête

S'accélère. Les battements

De son cœur suivent le rythme.

Il court presque dans les rues.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

C'est la peur de ne pas te retrouver,

L'angoisse de ne plus te revoir

Qui se dessine devant ses yeux.

C'est une course qu'il perd.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Il commence à perdre haleine

Quand il arrive sur le port.

Des larmes ou la pluie l'aveuglent,

L'amour peut-être aussi.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Des sirènes annoncent des départs.

Du haut d'un bastingage,

Sur le pont d'une malle

Tu lui fais un geste d'au revoir.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Comme on peut souvent

Arriver trop tard.

Il a déjà perdu ton regard,

Il a déjà perdu ton sourire.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

Les averses ont dilué son histoire.

L'oubli prend vite aussi son départ.

Un souvenir dans le grenier

Peut-être déjà rempli de ta mémoire.

Le piano résonne

Au milieu de la salle de concert.

Il n'y a personne

Que ce son doux-amer.

 

C'est inutile...

C'est inutile...

Le vert sombre des sapins

Se marie au gris des nuages.

Des écharpes bleues,

Les traces rouilles et acides

D'arbres qui se meurent.

C'est inutile...

L'eau coule en contrebas,

Sous le vieux pont.

La rivière caresse

Depuis des siècles

Les vieilles pierres.

C'est inutile...

Des groupes de promeneurs

Passent à grand bruit

Sur la route.

Quelques-uns rentrent

Dans le café.

C'est inutile...

Quelques fumées

Au loin se perdent

Comme des âmes

Sans plus d'attache,

Sans plus d'amour.

C'est inutile...

De regarder

Par la fenêtre

Et croire que pourrait renaître

Un quelconque espoir

De te voir.

 

La guerre de Troie....

La guerre de Troie....

Des histoires d'amour

Qui commencent mal,

D'autres ne commencent jamais

Des âmes qui se font la malle.

D'autres restent totalement indifférentes.

Il y a toujours une héroïne

Dont on murmure le nom.

Il y a toujours quelque félon

Qui provoque la tragédie.

Il y a toujours un amoureux

Prêt pour elle à se damner.

Il y a toujours une odyssée,

Même si souvent avortée.

Il y a un oubli ou un exil,

Des regrets de s'être tu

Ou aussi d'en avoir trop dit.

Il y a toujours plus de perdants

Que de gagnants.

Il y a toujours un rival,

Une ruse et un malentendu

Et ce nom qui se murmure.

La guerre de Troie a toujours lieu.

 

La musique douce au fond des mots

La musique douce au fond des mots,

Cette musique que tu n'entends pas,

Cette mélodie qui semble de trop,

Ces notes que peut-être tu ne veux pas.

Peut-être est-elle trop douce?

Pour échapper au romantisme,

Souvent craint, au quel elle pousse

Tu oppose un farouche mutisme.

La musique douce au fond des mots,

Cette musique née du cœur,

Qui connaît toujours un peu le chaos,

Entre profonde angoisse et bonheur.

Tout ce que l'on peut perdre

En un baiser ou en une caresse,

Autres que tous les verbes,

Pour s'enfoncer dans la détresse.

Tout ce que l'on peut gagner

Dans des paroles, des regards,

Se cherchant entre amour et amitié,

Par pure passion ou désespoir.

La musique douce au fond des mots

Que tu comprends ou ne comprends pas.

La musique douce au fond des mots,

Ne la méprise, ne la rejette pas.