Recherche d'articles |
A collection of poetry. De novembre 2001 à juin 2002 (volume 1)De novembre 2001 à juin 2002 (volume 1) Table des poèmes Usurpation d'identité_Ladeuzeplein, Leuven. * Usurpation d'identité_Une rue à Bruxelles. * Les rimes sont de "Leconte de Lisle". Le poème est de moi. * Usurpation d'identité_Un café à Louvain * Le retour de la Triumph Bonneville_Usurpation d'identité. * Antwerpen MUHKA_Sculpture sur le toit. * Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Une maison à Louvain. * Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Bourla Antwerpen_(seconde version) * Tous les mots que je t'ai écrits * Antwerpen-Café Hopper-concert de jazz_Usurpation d'identité_Un clin d'oeil à Wim (Mephisto) qui traînait là et Caro et Véro qui traînaient avec moi. * Antwerpen-l'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité * Bruxelles-Terrasse du Café "l'indigo"_Usurpation d'identité * Pecrot-Halte du chemin de fer-Usurpation d'identité. * Bourla-Antwerpen_Usurpation d'identité. * Au coin d'une rue_Leuven-Ravenstraat-Usurpation d'identité * Un reflet dans une porte vitrée *
Quelques étangs Verts S'étendent Entre les champs De blé d'hiver. Le vent, Sur l'eau, Laisse quelques rides. La pluie verse Quelques larmes. Mais le soleil Se remet à sourire. Le temps Au beau Efface ces rides Et la détresse Désarme Et ses pareils Se mettent à fuir. Quelques étangs Verts S'étendent Entre les champs De blé d'hiver.
Sur le chemin, la voiture cahote; Dans la vie, les histoires capotent, Belles ou sales, Tout ce qui devrait se dire. Au bout de la route, Confronté à ses doutes, On s'épuise, Trop cru, pas pris. Dans le rétroviseur, Ces images de bonheur Sont-elles mirages Ou c'est ce que l'on vit. La voiture est arrêtée, Le conducteur harassé. Les souvenirs s'effacent, Les malheurs parfois aussi. Il commence à pleuvoir, A gros arrosoirs, Avec force et rage, Tout aurait été dit. Oubliées les peurs, Oubliées les heurts Avec le temps qui passe, Sans un cri.... Après la pluie, La voiture n'est toujours pas neuve; Le ciel toujours gris, L'âme toujours veuve. Le conducteur encore fatigué, A retrouvé pourtant Un peu de sérénité, Dans un monde peu disant.
Usurpation d'identité_Ladeuzeplein, Leuven. Attendre sur le banc Que le temps Ou vous passiez. Attendre sur le banc, Patiemment, On peut toujours rêver. Attendre sur le banc Et se raconter Que vous m'aimez. Attendre sur le banc On a l'éternité Pour rêver.
Usurpation d'identité_Une rue à Bruxelles. Un trottoir dans l'ombre, Une femme en tailleur sombre Se griffe en marchant Aux épines de lumières Des quelques lampadaires. Entrée des Artistes, Le globe laiteux L'éclaire un peu Mais pas assez Pour distinguer son visage. Appuyé contre un mur, Je regarde la porte se refermer. Je reste, pas très sûr De ne pas rêver Que ce soit elle. Quand plus tard, Le spectacle commencé, Une voix chante un blues, Je pourrais croire Que c'est la sienne. Je n'attends pas Que ce soit terminé. Je reprends mon chemin, Toujours incertain De ne pas rêver
Les rimes sont de "Leconte de Lisle". Le poème est de moi. Pourrait-il être repu De ce qu'il te doit Pourrait-il dire connu Tout de toi. Il y a tant de lieues A parcourir ce corps Il y a tant de feu, Jusque la petite mort. Rien n'a de limite Surtout un lit Que l'amour remplit, Que la passion habite. Un regard posé sur elle, Au lever du soleil, Dans son dernier sommeil Ce qu'elle est belle. Mais l'esprit clair, Il retourne à sa solitude, Retourne à ses habitudes, A son désert.
Il part, il marche, Pas qu'il se fâche, Mais le rôle d'amant, Surtout des plus ardents, Est un rôle qui passe, Dont le souvenir s'efface, Quand les nuits par milliers Se laissent compter.
Usurpation d'identité_Un café à Louvain Une arrière-salle de café, Un soir de novembre. Ce que c'est beau, un sourire, Pas un sourire mielleux, Pas un sourire fielleux, Un sourire direct, franc... Une arrière-salle de café, Dehors, il pleuvait des cordes, Elle souriait, Mieux, elle te souriait, Enfin te semblait-il... Rêvait-il... De quoi parlions-nous à ce moment, Autour de quoi tournait la conversation, Du soleil, d'Eve et d'Adam, De l'absolu et du néant. Quelqu'un évoquait avec passion Les étoiles et la création. Et des étoiles, il y en avait tant, Des milles et des cents, Dans ses (sinoples) yeux, Peut-être, pour moi, un peu. Une arrière-salle de café, Un souvenir de plus dans la malle. Ce que c'est beau, un sourire, Simple et heureux, Ferait presque croire en dieu, Ha, pour en revoir autant...
Le retour de la Triumph Bonneville_Usurpation d'identité. La rouille sur le bidon, Les chromes sont foutus le camp. L'huile sur le sol en béton L'a tâché pour longtemps. Le fauteuil à roulettes Gagné à perpète Jamais aussi loin Ne roulera que cet engin. Reste le souvenir du vent, Des souvenirs d'amant, D'une femme qui serre Les bras autour de la taille, "La belle, belle tu la bailles" Etait ta constante affaire. Quand sur ta monture A l'aventure Le long des doutes, Amoureux sans route. Elle vit toujours Cette vieille Bonneville, Si les filles sont parties, Elle te tient encore compagnie. Avoir été si sourd Aux prières des femmes Et si attentif à ta Bonneville T'a coûté corps et âme. La rouille sur le bidon, Les chromes sont foutus le camp. Ce qu'on est con Quand on est jeune gens. Si Elle n'avait pas tiré, Pour une vie soi-disant manquée, Enfourcherais-tu encore Cet engin de mort.
La question qu'il se pose: ce que durerait une rose, Seriez-vous à moi, soupirs et émois? La question qu'il se pose, peut-être s'il l'ose: Serez-vous à moi? Soupirez-moi! Il reste muet, cela reste un secret Ce genre de choses que beaucoup "enclosent". Ces vers inconnus qui ne seront jamais entendus, De peur qu'elle se gausse, qu'elle se fasse idées fausses. Il se tait parce qu'il sait Que si vite flétrissent les amours et les roses, Que si vite finissent toutes ces choses. Seriez-vous à moi, soupirs et émois?
Ce qu'est ton corps Ce que sont tes soupirs, Purs souvenirs Qui point ne s'effacent Dans le temps qui passe. Ce qu'est ton parfum, Plaisir malheureusement défunt, Reste à l'esprit Malgré tous tes dénis. Ce qu'est ta voix, Départ de ces émois, Il reste tant d'échos De tous ces mots. Ce qu'est ton corps, Remembrance de petite mort, Parce que même pendu, Il faut l'avoir connu. Mais pour ton esprit, Je n'ai qu'un cri. Pourquoi tant avoir caché Toutes ces vérités. Antwerpen MUHKA_Sculpture sur le toit. Assis, le nez en l'air, Tous les trois, on regarde Un carré de ciel bleu, Dans un cadre de bois. Une mouette passe Puis à l'arrière plan, naissent des nuages, De petits nuages blancs, Bien sages. La mouette part, Quittent nos regards. Les petits nuages Ont eux aussi disparu. Mais tous les trois, De tous nos yeux, On continue à regarder Ce carré de ciel bleu.
Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Une maison à Louvain. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. La table est mise, quelques douceurs d'un proche traiteur, Un peu plus raffinées que mes plats habituels. Mais un vin simple, un Beaujolais primeur. Une musique, du Chopin, parce qu'il peut être sensuel. Pour le symbole, un chandelier à trois bougies, Toi et moi et ce que je ne sais pas, la chandelle de ta vie. Je voudrais entendre le récit de ton existence, Si propice pourrait être cette ambiance. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Au coin de ta bouche, je voudrais voir perler Une goutte de vin trop hâtivement essuyée. La gorgée prise pour réfléchir, pour la contenance, Pour raconter entre vérité et romance Les chemins que tu as déjà parcourus, Les paysages qui t'auraient émue. Dans tes yeux, je voudrais voir l'envie De te raconter simplement comme une amie. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Nous pourrions être tous les deux fort bavards, Ou laisser les mots pour les regards. Nous pourrions essayer de lire nos pensées Ou jouer à ce jeu parfois cruel de la vérité. Nous pourrions peut-être nous séduire Ou nous n'aurions peut-être rien à nous dire. Qu'importe le verdict de la soirée, Tu sembles valoir la peine de patienter. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Bourla Antwerpen_(seconde version) Racontes-moi ton histoire... Sous les plafonds peints de fresque, Les grandes baies donnent sur la rue, Sur un carrefour encombré et klaxonnant. A l'intérieur, dans cette grande salle, Les serveurs dansent des arabesques, Entre les tables de couples chuchotant Des histoires mille fois entendues, Des vies faites de bien et de mal. Racontes-moi ton histoire... Par les fenêtres, à travers les balustres Des balcons de pierre, je te regarde, Traverser prudemment le carrefour encombré, Te frayer un passage entre les voitures. Il est des plaisirs dans une vie fruste, Des images volées mais pas par mégarde D'une femme courant sur le trottoir, pressée De raconter, je l'espère, ses aventures. Racontes-moi ton histoire... Je t'imagine monter dans un envol de jupe Les quelques volées qui mènent à l'entrée. Tu grimpes rapidement les escaliers, Tu pousses les portes vitrées. Ce n'est peut-être qu'un jeu de dupes. Tout est rêvé, rien de cela n'arrive, La fumée d'une pipe pour patienter, L'espoir et la plume à la dérive. Racontes-moi ton histoire... Je ne t'attends que pour t'écouter, Entendre ta voix, lire tes regards, Voir sur tes lèvres naître les mots, Lire sur ton visage, les récits. Nourris ma curiosité et mon amitié, Racontes-moi ton histoire... Il n'y aura pas un chapitre de trop, C'est toujours la même et une autre vie. Racontes-moi ton histoire... Je ne rêve plus. Tu es assise devant moi. Le comble de ne pas t'avoir vue arriver Trop occupé à toujours vouloir rêver Des scènes de théâtres ou de romans. Pardonnes-moi. Je suis tout à toi. Nourris mes poèmes, nourris mes textes. Sois une muse. Les vers ne sont pas prétextes, Malgré leur séduction, à vouloir être amant. Racontes-moi ton histoire... Ici ou ailleurs, Maintenant ou dans une heure, Prends donc la peine de raconter Tes amours et tes haines. Jusqu'au bout de ma fatigue, Là-bas, au bout du chemin, A la lisière de la garrigue, La dernière maison, solitaire. Sur un vieux banc de pierre, A l'ombre d'un chêne vert, Je lis des contes de Voltaire, Insatisfait, presque amer. Jusqu'au bout de ma fatigue, Las d'une vie d'intrigue, Il fallait un jour s'arrêter Avant d'être condamner. Fallait-il aller si loin Pour reconsidérer son destin. S'agissait-il d'une fuite Que d'autres prennent dans la cuite. Fallait-il le chant des cigales Ou le souffle du Mistral. N'est-ce pas un leurre De croire à la beauté de l'ailleurs. Revient-on un jour à l'essentiel, Se libère-t-on de son fiel. Se libérer de ses cauchemars, Renouer avec l'espoir. Jusqu'au bout de ma fatigue, Là-bas, au bout du chemin, A la lisière de la garrigue, La dernière maison, solitaire. La porte n'en est jamais fermée, Venez vous asseoir à la table, Raconter votre monde, vos vérités, La vie est un conte, est une fable...
Tous les mots que je t'ai écrits Tous les mots que je t'ai écrits, Aucun, je n'en dédis. Ce sont des choses que je pense, Que j'offre sans avance. Elle ne dit rien et boit la bière Que le garçon vient de déposer. Elle regarde par les fenêtres Une brume d'hiver paresser. Ce sont de simples mots, Que je voulais t'offrir, Peut-être parfois de trop, Pour le bonheur d'un sourire. Elle regarde le plafond. Peut-être des angelots fessus Aucune importance au fond. Il y en a un qui passe au-dessus. Ce n'est pas un jeu, Mais poésie pour une muse. Si ce sont des aveux, Point ne les refuses. Elle se lève et vient s'asseoir, Dans un mouvement gracieux, A côté de moi, face au bar. Je ne vois plus ses yeux. Susurre-moi à l'oreille Tous ces tristes reproches Que ces vers éveillent. Je me sens si moche. En regardant les gens attablés, Elle se penche vers moi Et d'une voix douce et mesurée, Elle me dit ce que je ne comprends pas. Crois-tu que nous avons le temps, Nous tes épisodiques lecteurs, Pauvre poète, de lire ces "romans" Et de les "exéger" avec ferveur. Nous avons nos vies, nos amours, Le poids ou la joie de l'existence, Ne t'étonnes donc pas de ces fours Et contente-toi de mon impertinence. Elle continue, tout en souriant, A me susurrer mes quatre vérités, De celles que l'on entend Mais que l'on ne voudrait pas écouter. Te crois-tu si estimable, Que tu vailles la peine De réflexions aimables, De commentaires amènes. Et puis tous ces mots, Si facilement mal compris, Deviennent parfois maux Et poids pour autrui. Je ne peux prétexter le malentendu, Moi qui aime tant les lever. Serais-je trop obtus Pour pouvoir l'accepter. Mais je ne veux pas apostasier Et renoncer à ma pratique. Me voilà à la supplier D'admettre mon sens éthique. L'ai-je dit mille fois, Si ces mots vous blessent Par piété, dites-le-moi, S'ils vous intéressent Si peu ou par hasard, Par pitié, ne les lisez pas. Je n'aime pas les bobards, Alors, dites-le-moi. Le garçon vient de lui resservir une bière Et repart, dans son tablier blanc, en dandinant. Je n'ai pas touché à mon verre... Aurais-je un jour l'audace et le temps... Comment savoir sans vos commentaires Le plaisir ou l'exécration Que vous avez à lire mes vers. Pardonnez mon immodération... Le "foyer" se vide, la scène est jouée. J'espère qu'elle vous a a"musé"e. Les garçons veulent partir... Alors, accédons à leur désir. Je l'aide à passer son manteau, Nous traversons la salle... Il y a des moments très beaux... Tristes parfois, souvent "fatals".
Une vieille dame avec des boucles d'oreille, Grandes comme des cerceaux de cirque, Hoche la tête au rythme de la musique Et c'est chaque dimanche pareil. Des hommes sans âge, Bouffis ou confits dans l'alcool S'épaulent dans cette idée folle Que l'ivresse se partage. Une femme sur le retour, assise Sur une table, dans un coin, Regarde là-bas, au loin Des remembrances imprécises. Une vieille connaissance, Mephisto, Debout, accoudé au bar, Me rappelle ces soirs Quand j'écrivais au Dadario. A ma table, les deux sœurs Echangent de leur regard vert De forts amusants commentaires Sur les clients et leurs mœurs. Je regarde les musiciens Mais je ne les écoute pas. Parfois, je sens le vent froid Et je rêve que ta main... Parfois, je sens le vent froid; La porte vient de s'ouvrir, Je pourrais presque sentir Que tu t'approches de moi. Sur mon épaule, tu poses la main Dans un geste comme une caresse, Dans une amitié pleine de tendresse, Sans raison, sans obscur dessein. Mais ce geste, tu ne le feras pas. Le porte s'est peut-être ouverte Mais cette chance ne s'est pas offerte. Le seul contact est le vent froid. Je reste sur ma chaise A regarder les gens, Le miroir de mon temps Et je ne me sens pas à l'aise. Antwerpen-l'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité Une enfant joue à la marelle Entre les tables du café. Le jeu du carrelage Dessine un échiquier. La dame joue sûrement la reine Et lui, un pion ou un fou. Il regarde son visage, Se plonge dans son regard doux. L'enfant s'est assise. Les cuillères sur les tasses Font une musique imprécise, Sonnailles dans la conversation. La dame commence à se raconter Sans qu'il se lasse. Naissent parfois les amitiés Entre une femme et un démon. L'enfant invente un paysage Sur une feuille de papier, Avec un soleil et une lune Qui vont se marier. Ecrire de nouvelles pages, Ponctuées de son sourire, Sans idée de saturne, Si ce n'est abondance de rires. Vous écoutez mes mots Mais vous n'entendez pas mon âme. Vous croyez en connaître le sens Mais vous ne connaissez pas Celui que je leur donne. Pourtant, vous êtes belle... Mais votre Sainte Inquisition Me condamne à mort. Y auraient-ils des vers de trop, Peut-être même infâmes Qui justifieraient votre silence. Horrible son du glas A mes oreilles sonne... Pourtant, vous êtes belle... Mais votre Sainte Inquisition Me condamne à mort. L'absence d'écho Pour les mots de mon âme Pèse sur l'existence. Pourquoi ne me dites-vous pas Où est née la maldonne.
Bruxelles-Terrasse du Café "l'indigo"_Usurpation d'identité C'est l'été. Sur la terrasse à peine ombragée, Il attend ses pas Sur l'escalier de bois. Il y a quelques volées A monter Pour arriver jusque là. Là-haut, sur le toit, Il y a le ciel, Des pots de terre ébréchés, Des chaises aux couleurs passées, Des pignons lézardés Comme certaines vies à quarante ans. Les murs lépreux se garnissent de lierre. On voit la vie des gens A travers les tabatières. Des bacs remplis de menthe poivrée Se prélassent sur le vieux plancher. Il y a un oiseau sur une cheminée Et un nuage perdu dans l'immensité. Il y a le miel de l'attente Avant peut-être, l'amer de la déception. Il ne sait pas encore si elle viendra Dans sa petite robe indigo.
Pecrot-Halte du chemin de fer-Usurpation d'identité. Le soleil avait passé sa journée à se promener dans un ciel pur. Mais le sol restait couvert de grésils qu'il n'avait pas fondus. A travers les peupliers effeuillés, le vent glacé balayait le quai. Le soleil emmenait avec lui les dernières traces d'azur. Les lampadaires laissaient maintenant tomber leur halo cru En attendant le train, un homme seul faisait les cents pas. Dans sa tête, il retournait toutes ses habituelles pensées. Se poser et se reposer cette question: est-ce qu'elle viendrait. Dans sa chair, en son âme, il avait terriblement froid. Ses doutes, il n'avait plus la force ou l'envie de les balayer. La sonnette du passage à niveau se mit soudain à tinter. Les barrières rouges et blanches s'abaissèrent doucement. Le train s'arrêta. Une nouvelle histoire commençait. Il attendit que les portes s'ouvrissent sur l'air glacé Pour être certain que c'était bien son visage souriant.
Ces mots que je te dis Mais qui ne disent pas grand chose. Des mots qui respirent l'ennui Plutôt que le parfum des roses. Des mots qui deviennent ridicules, A raconter de petits riens. Des poncifs qui s'accumulent Dans une histoire sans teint. Parce que ce n'est pas ma langue, Parce tout reste dans une gangue, Parfois, parce que tous, on a peur, Souvent, parce que ça n'a pas l'heur(e) Ce pourrait être autrement Que quelques paroles en passant. Ce peut être de vraies questions Auxquelles tu réponds. Je devrais m'asseoir Sur une chaise à côté de toi Et nourrir le fol espoir Que tu me raconteras.... Mais veux-tu avoir confiance? Pourquoi perdre son temps Pour des mots sans importance Au plaisir très évanescent.
Bourla-Antwerpen_Usurpation d'identité. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. Je regarde autour de moi les gens attablés, Couples silencieux ou vieilles dames pépiantes, Un homme seul occupé à lire un journal. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. Une dame écoute la musique, inspirée. Un jeune homme empressé fait la cour A une jeune femme pleine de feu. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. J'écris mes rêves sur le papier Pendant que mes voisins commandent Une eau, deux cafés et une Orval. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. A l'autre bout, une porte s'est refermée. Je te regarde arriver, sans détour, Souriante, élégante, dans ton tailleur bleu. La chaise n'est plus vide; tu viens de t'asseoir.
Au coin d'une rue_Leuven-Ravenstraat-Usurpation d'identité Un jour, peut-être se reverra-t-on Au coin d'une rue ou au détour d'un couloir. Malheureusement, les rues ont tant de coins Et les couloirs, tant de détours. Et il y a tant de rues Dans lesquelles tu ne passeras pas. Et il y a tant de couloirs Que jamais tu n'arpenteras. Mais imagines que cela arrive... Dans une rue de Louvain, près de la bibliothèque, Moi, je serais assis sur une chaise devant le Dadario... Je sais, je sais, tu n'y as jamais les pieds Mais on peut toujours rêver... Je serais assis sur une chaise... Ce devrait donc être en été, Quand il n'y a pas trop de monde. Je serais en train de bavarder Avec le barman justement désœuvré. De quoi parlerait-on, cela n'a pas d'importance. Toi, tu passerais le coin, devant la boulangerie... Non, non, c'est trop près... Tu viendrais plutôt de la faculté de lettres. On ne saura pas qui aura vu l'autre en premier Mais on se sera déjà reconnu, déjà souri... Et quand tu arriveras près de moi, Sans un mot, tu poseras la main sur mon épaule Et tu m'embrasseras sur le front, tout simplement.... Un jour, peut-être se reverra-t-on Au coin d'une rue ou au détour d'un couloir. Le vent est froid mais le soleil brille. La flèche de la cathédrale pointe au loin, Derrière les façades d'immeubles arrogants. Les eaux grises du fleuve charrient Les idées noires des pauvres gens, Mais les oiseaux dans le ciel bleu Ont l'air libre, presque heureux. Des couples se tiennent par la main Et se tirent tristement la gueule. D'autres qui se promènent seuls Se sourient en se croisant. Derrière tous ces passants Il y a des foules d'histoires. Entre le fleuve et le ciel, Il y a l'horizon, l'essentiel, Le point de convergence. Où se rejoignent les mémoires, Où se livrent les vérités, Où naît d'une façon l'éternité. Dans ces immeubles arrogants, Sous la flèche de la cathédrale, Sur les quais de l'Escaut Et partout ailleurs, Il y a une masse de gens Avec des vies parfois bancales, Mais avec des moments très beaux, Quelques secondes de bonheur... Un reflet dans une porte vitrée Un visage, un jour de printemps, Un reflet dans une porte vitrée, Une silhouette sur une terrasse, l'été. Les images vont, viennent, disparaissent. Un jour, on rencontre ces gens, Reviennent ces réminiscences. Tout cela ne porte pas à conséquence, Rien qui ne vous tire à confesse. On met un nom sur des souvenirs, En filigrane, on découvre une personne. Doucement, sans que les clochent sonnent, On a envie de commencer à écrire. Sur tout, sur rien, souvent sur le temps, Parfois sur nos frères, nos sœurs, Trop rarement sur nos étoiles ou nos peurs, La vie se raconte par petits fragments. On ne met pas encore toute une âme, Derrière les mots, derrière les sourires, Mais on se remet vraiment à écrire Et on le fait comme ça, gratuitement, Sans qu'il y ait volonté infâme. On fait peut-être du mal sans le vouloir, Les gens ne connaissent pas votre histoire, D'une vie tout le tremblement. Les rencontres sont affaire de hasard, D'aucun n'ont ni le temps, ni l'envie à s'y consacrer. Les vraies rencontres sont des choses rares Qui débouchent parfois sur l'amitié. Quand on a envie de rassembler ces souvenances, De connaître l'être plutôt que le paraître, D'implorer quelque part, une forme de patience, De tolérance pour cette envie de connaître. Un visage, un jour de printemps, Un reflet dans une porte vitrée, Une silhouette sur une terrasse, l'été Le son d'une voix et les méandres d'un esprit, Objet de questions et de compliments... Tout est plus simple que l'on ne croit, Pourquoi ne le dit-on pas, Naturellement, sans préjugé, sans parti pris
Xxx "Hors l'amitié, point de pardon, Filles ou garçons, Autres manières Mais mêmes prières."
Dans un restaurant italien, un soir de réveillon, Des sapins artificiels, des nappes en papier Et un serveur napolitain à la voix cassée. Dehors, se pressent de rares passants, Manquant de glisser sur les pavés luisants, Appelant contre le temps, le nom du démon. Nous, tous les trois, au chaud à l'intérieur, A cause du vin rouge, le feu aux joues, Personne n'a l'idée de tirer une moue. Deux femmes, un homme et trois âmes, Nous parlons de nos joies, de nos drames. Des autres, chacun pourfend les peurs. Nous nous échangeons nos assiettes, Pour échanger les goûts, les parfums, Nos manières d'être devant le destin. Cela fait maintenant de longues années que nous nourrissons patiemment cette amitié, De tout ce qui se pleure et se fête. Nous nous disons tout ou presque tout. Y passent, le deuil, le doute et l'amour, Les idées, les passions sans détour. Il y a des "quatre vérités" pleines de tendresse, Il y a des regrets que l'on caresse, Dont le partage semble si doux. Cela se passe parce que nous y croyons, Que nous ne restons pas à nos frontières, Que nous sommes de la même matière. Que cela soit difficile parfois, Point naïfs, nous n'en doutons pas. Nous y sommes parce que nous le voulons. Nous échangeons dans nos regards verts, L'infini plaisir et l'indicible émoi, D'être réunis tous les trois. Sur un menton, une goutte de vin Vite essuyée d'un geste de la main, La vie est tout aussi éphémère. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Les secondes passent, les minutes s'envolent, Les heures trépassent, à une vitesse folle. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Les images passent dans la tête. Parfois elles s'effacent, la fin de la fête. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Je cours après elles, elles s'enfuient A tire d'ailes au milieu de la nuit. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Elles doivent revenir. Je les cherche partout. Qu'un seul désir, rêver de toi est si doux. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. C'est le présent que je veux te donner, Tout ce temps à passer à rêver. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi.
De novembre 2001 à juin 2002 (volume 1) Table des poèmes Usurpation d'identité_Ladeuzeplein, Leuven. * Usurpation d'identité_Une rue à Bruxelles. * Les rimes sont de "Leconte de Lisle". Le poème est de moi. * Usurpation d'identité_Un café à Louvain * Le retour de la Triumph Bonneville_Usurpation d'identité. * Antwerpen MUHKA_Sculpture sur le toit. * Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Une maison à Louvain. * Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Bourla Antwerpen_(seconde version) * Tous les mots que je t'ai écrits * Antwerpen-Café Hopper-concert de jazz_Usurpation d'identité_Un clin d'oeil à Wim (Mephisto) qui traînait là et Caro et Véro qui traînaient avec moi. * Antwerpen-l'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité * Bruxelles-Terrasse du Café "l'indigo"_Usurpation d'identité * Pecrot-Halte du chemin de fer-Usurpation d'identité. * Bourla-Antwerpen_Usurpation d'identité. * Au coin d'une rue_Leuven-Ravenstraat-Usurpation d'identité * Un reflet dans une porte vitrée *
Quelques étangs Verts S'étendent Entre les champs De blé d'hiver. Le vent, Sur l'eau, Laisse quelques rides. La pluie verse Quelques larmes. Mais le soleil Se remet à sourire. Le temps Au beau Efface ces rides Et la détresse Désarme Et ses pareils Se mettent à fuir. Quelques étangs Verts S'étendent Entre les champs De blé d'hiver.
Sur le chemin, la voiture cahote; Dans la vie, les histoires capotent, Belles ou sales, Tout ce qui devrait se dire. Au bout de la route, Confronté à ses doutes, On s'épuise, Trop cru, pas pris. Dans le rétroviseur, Ces images de bonheur Sont-elles mirages Ou c'est ce que l'on vit. La voiture est arrêtée, Le conducteur harassé. Les souvenirs s'effacent, Les malheurs parfois aussi. Il commence à pleuvoir, A gros arrosoirs, Avec force et rage, Tout aurait été dit. Oubliées les peurs, Oubliées les heurts Avec le temps qui passe, Sans un cri.... Après la pluie, La voiture n'est toujours pas neuve; Le ciel toujours gris, L'âme toujours veuve. Le conducteur encore fatigué, A retrouvé pourtant Un peu de sérénité, Dans un monde peu disant.
Usurpation d'identité_Ladeuzeplein, Leuven. Attendre sur le banc Que le temps Ou vous passiez. Attendre sur le banc, Patiemment, On peut toujours rêver. Attendre sur le banc Et se raconter Que vous m'aimez. Attendre sur le banc On a l'éternité Pour rêver.
Usurpation d'identité_Une rue à Bruxelles. Un trottoir dans l'ombre, Une femme en tailleur sombre Se griffe en marchant Aux épines de lumières Des quelques lampadaires. Entrée des Artistes, Le globe laiteux L'éclaire un peu Mais pas assez Pour distinguer son visage. Appuyé contre un mur, Je regarde la porte se refermer. Je reste, pas très sûr De ne pas rêver Que ce soit elle. Quand plus tard, Le spectacle commencé, Une voix chante un blues, Je pourrais croire Que c'est la sienne. Je n'attends pas Que ce soit terminé. Je reprends mon chemin, Toujours incertain De ne pas rêver
Les rimes sont de "Leconte de Lisle". Le poème est de moi. Pourrait-il être repu De ce qu'il te doit Pourrait-il dire connu Tout de toi. Il y a tant de lieues A parcourir ce corps Il y a tant de feu, Jusque la petite mort. Rien n'a de limite Surtout un lit Que l'amour remplit, Que la passion habite. Un regard posé sur elle, Au lever du soleil, Dans son dernier sommeil Ce qu'elle est belle. Mais l'esprit clair, Il retourne à sa solitude, Retourne à ses habitudes, A son désert.
Il part, il marche, Pas qu'il se fâche, Mais le rôle d'amant, Surtout des plus ardents, Est un rôle qui passe, Dont le souvenir s'efface, Quand les nuits par milliers Se laissent compter.
Usurpation d'identité_Un café à Louvain Une arrière-salle de café, Un soir de novembre. Ce que c'est beau, un sourire, Pas un sourire mielleux, Pas un sourire fielleux, Un sourire direct, franc... Une arrière-salle de café, Dehors, il pleuvait des cordes, Elle souriait, Mieux, elle te souriait, Enfin te semblait-il... Rêvait-il... De quoi parlions-nous à ce moment, Autour de quoi tournait la conversation, Du soleil, d'Eve et d'Adam, De l'absolu et du néant. Quelqu'un évoquait avec passion Les étoiles et la création. Et des étoiles, il y en avait tant, Des milles et des cents, Dans ses (sinoples) yeux, Peut-être, pour moi, un peu. Une arrière-salle de café, Un souvenir de plus dans la malle. Ce que c'est beau, un sourire, Simple et heureux, Ferait presque croire en dieu, Ha, pour en revoir autant...
Le retour de la Triumph Bonneville_Usurpation d'identité. La rouille sur le bidon, Les chromes sont foutus le camp. L'huile sur le sol en béton L'a tâché pour longtemps. Le fauteuil à roulettes Gagné à perpète Jamais aussi loin Ne roulera que cet engin. Reste le souvenir du vent, Des souvenirs d'amant, D'une femme qui serre Les bras autour de la taille, "La belle, belle tu la bailles" Etait ta constante affaire. Quand sur ta monture A l'aventure Le long des doutes, Amoureux sans route. Elle vit toujours Cette vieille Bonneville, Si les filles sont parties, Elle te tient encore compagnie. Avoir été si sourd Aux prières des femmes Et si attentif à ta Bonneville T'a coûté corps et âme. La rouille sur le bidon, Les chromes sont foutus le camp. Ce qu'on est con Quand on est jeune gens. Si Elle n'avait pas tiré, Pour une vie soi-disant manquée, Enfourcherais-tu encore Cet engin de mort.
La question qu'il se pose: ce que durerait une rose, Seriez-vous à moi, soupirs et émois? La question qu'il se pose, peut-être s'il l'ose: Serez-vous à moi? Soupirez-moi! Il reste muet, cela reste un secret Ce genre de choses que beaucoup "enclosent". Ces vers inconnus qui ne seront jamais entendus, De peur qu'elle se gausse, qu'elle se fasse idées fausses. Il se tait parce qu'il sait Que si vite flétrissent les amours et les roses, Que si vite finissent toutes ces choses. Seriez-vous à moi, soupirs et émois?
Ce qu'est ton corps Ce que sont tes soupirs, Purs souvenirs Qui point ne s'effacent Dans le temps qui passe. Ce qu'est ton parfum, Plaisir malheureusement défunt, Reste à l'esprit Malgré tous tes dénis. Ce qu'est ta voix, Départ de ces émois, Il reste tant d'échos De tous ces mots. Ce qu'est ton corps, Remembrance de petite mort, Parce que même pendu, Il faut l'avoir connu. Mais pour ton esprit, Je n'ai qu'un cri. Pourquoi tant avoir caché Toutes ces vérités. Antwerpen MUHKA_Sculpture sur le toit. Assis, le nez en l'air, Tous les trois, on regarde Un carré de ciel bleu, Dans un cadre de bois. Une mouette passe Puis à l'arrière plan, naissent des nuages, De petits nuages blancs, Bien sages. La mouette part, Quittent nos regards. Les petits nuages Ont eux aussi disparu. Mais tous les trois, De tous nos yeux, On continue à regarder Ce carré de ciel bleu.
Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Une maison à Louvain. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. La table est mise, quelques douceurs d'un proche traiteur, Un peu plus raffinées que mes plats habituels. Mais un vin simple, un Beaujolais primeur. Une musique, du Chopin, parce qu'il peut être sensuel. Pour le symbole, un chandelier à trois bougies, Toi et moi et ce que je ne sais pas, la chandelle de ta vie. Je voudrais entendre le récit de ton existence, Si propice pourrait être cette ambiance. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Au coin de ta bouche, je voudrais voir perler Une goutte de vin trop hâtivement essuyée. La gorgée prise pour réfléchir, pour la contenance, Pour raconter entre vérité et romance Les chemins que tu as déjà parcourus, Les paysages qui t'auraient émue. Dans tes yeux, je voudrais voir l'envie De te raconter simplement comme une amie. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Nous pourrions être tous les deux fort bavards, Ou laisser les mots pour les regards. Nous pourrions essayer de lire nos pensées Ou jouer à ce jeu parfois cruel de la vérité. Nous pourrions peut-être nous séduire Ou nous n'aurions peut-être rien à nous dire. Qu'importe le verdict de la soirée, Tu sembles valoir la peine de patienter. Racontes-moi ton histoire... J'attends tes pas sur le trottoir, Le son grêle de la sonnette. J'attends ta visite ce soir. Racontes-moi ton histoire_Usurpation d'identité_Bourla Antwerpen_(seconde version) Racontes-moi ton histoire... Sous les plafonds peints de fresque, Les grandes baies donnent sur la rue, Sur un carrefour encombré et klaxonnant. A l'intérieur, dans cette grande salle, Les serveurs dansent des arabesques, Entre les tables de couples chuchotant Des histoires mille fois entendues, Des vies faites de bien et de mal. Racontes-moi ton histoire... Par les fenêtres, à travers les balustres Des balcons de pierre, je te regarde, Traverser prudemment le carrefour encombré, Te frayer un passage entre les voitures. Il est des plaisirs dans une vie fruste, Des images volées mais pas par mégarde D'une femme courant sur le trottoir, pressée De raconter, je l'espère, ses aventures. Racontes-moi ton histoire... Je t'imagine monter dans un envol de jupe Les quelques volées qui mènent à l'entrée. Tu grimpes rapidement les escaliers, Tu pousses les portes vitrées. Ce n'est peut-être qu'un jeu de dupes. Tout est rêvé, rien de cela n'arrive, La fumée d'une pipe pour patienter, L'espoir et la plume à la dérive. Racontes-moi ton histoire... Je ne t'attends que pour t'écouter, Entendre ta voix, lire tes regards, Voir sur tes lèvres naître les mots, Lire sur ton visage, les récits. Nourris ma curiosité et mon amitié, Racontes-moi ton histoire... Il n'y aura pas un chapitre de trop, C'est toujours la même et une autre vie. Racontes-moi ton histoire... Je ne rêve plus. Tu es assise devant moi. Le comble de ne pas t'avoir vue arriver Trop occupé à toujours vouloir rêver Des scènes de théâtres ou de romans. Pardonnes-moi. Je suis tout à toi. Nourris mes poèmes, nourris mes textes. Sois une muse. Les vers ne sont pas prétextes, Malgré leur séduction, à vouloir être amant. Racontes-moi ton histoire... Ici ou ailleurs, Maintenant ou dans une heure, Prends donc la peine de raconter Tes amours et tes haines. Jusqu'au bout de ma fatigue, Là-bas, au bout du chemin, A la lisière de la garrigue, La dernière maison, solitaire. Sur un vieux banc de pierre, A l'ombre d'un chêne vert, Je lis des contes de Voltaire, Insatisfait, presque amer. Jusqu'au bout de ma fatigue, Las d'une vie d'intrigue, Il fallait un jour s'arrêter Avant d'être condamner. Fallait-il aller si loin Pour reconsidérer son destin. S'agissait-il d'une fuite Que d'autres prennent dans la cuite. Fallait-il le chant des cigales Ou le souffle du Mistral. N'est-ce pas un leurre De croire à la beauté de l'ailleurs. Revient-on un jour à l'essentiel, Se libère-t-on de son fiel. Se libérer de ses cauchemars, Renouer avec l'espoir. Jusqu'au bout de ma fatigue, Là-bas, au bout du chemin, A la lisière de la garrigue, La dernière maison, solitaire. La porte n'en est jamais fermée, Venez vous asseoir à la table, Raconter votre monde, vos vérités, La vie est un conte, est une fable...
Tous les mots que je t'ai écrits Tous les mots que je t'ai écrits, Aucun, je n'en dédis. Ce sont des choses que je pense, Que j'offre sans avance. Elle ne dit rien et boit la bière Que le garçon vient de déposer. Elle regarde par les fenêtres Une brume d'hiver paresser. Ce sont de simples mots, Que je voulais t'offrir, Peut-être parfois de trop, Pour le bonheur d'un sourire. Elle regarde le plafond. Peut-être des angelots fessus Aucune importance au fond. Il y en a un qui passe au-dessus. Ce n'est pas un jeu, Mais poésie pour une muse. Si ce sont des aveux, Point ne les refuses. Elle se lève et vient s'asseoir, Dans un mouvement gracieux, A côté de moi, face au bar. Je ne vois plus ses yeux. Susurre-moi à l'oreille Tous ces tristes reproches Que ces vers éveillent. Je me sens si moche. En regardant les gens attablés, Elle se penche vers moi Et d'une voix douce et mesurée, Elle me dit ce que je ne comprends pas. Crois-tu que nous avons le temps, Nous tes épisodiques lecteurs, Pauvre poète, de lire ces "romans" Et de les "exéger" avec ferveur. Nous avons nos vies, nos amours, Le poids ou la joie de l'existence, Ne t'étonnes donc pas de ces fours Et contente-toi de mon impertinence. Elle continue, tout en souriant, A me susurrer mes quatre vérités, De celles que l'on entend Mais que l'on ne voudrait pas écouter. Te crois-tu si estimable, Que tu vailles la peine De réflexions aimables, De commentaires amènes. Et puis tous ces mots, Si facilement mal compris, Deviennent parfois maux Et poids pour autrui. Je ne peux prétexter le malentendu, Moi qui aime tant les lever. Serais-je trop obtus Pour pouvoir l'accepter. Mais je ne veux pas apostasier Et renoncer à ma pratique. Me voilà à la supplier D'admettre mon sens éthique. L'ai-je dit mille fois, Si ces mots vous blessent Par piété, dites-le-moi, S'ils vous intéressent Si peu ou par hasard, Par pitié, ne les lisez pas. Je n'aime pas les bobards, Alors, dites-le-moi. Le garçon vient de lui resservir une bière Et repart, dans son tablier blanc, en dandinant. Je n'ai pas touché à mon verre... Aurais-je un jour l'audace et le temps... Comment savoir sans vos commentaires Le plaisir ou l'exécration Que vous avez à lire mes vers. Pardonnez mon immodération... Le "foyer" se vide, la scène est jouée. J'espère qu'elle vous a a"musé"e. Les garçons veulent partir... Alors, accédons à leur désir. Je l'aide à passer son manteau, Nous traversons la salle... Il y a des moments très beaux... Tristes parfois, souvent "fatals".
Une vieille dame avec des boucles d'oreille, Grandes comme des cerceaux de cirque, Hoche la tête au rythme de la musique Et c'est chaque dimanche pareil. Des hommes sans âge, Bouffis ou confits dans l'alcool S'épaulent dans cette idée folle Que l'ivresse se partage. Une femme sur le retour, assise Sur une table, dans un coin, Regarde là-bas, au loin Des remembrances imprécises. Une vieille connaissance, Mephisto, Debout, accoudé au bar, Me rappelle ces soirs Quand j'écrivais au Dadario. A ma table, les deux sœurs Echangent de leur regard vert De forts amusants commentaires Sur les clients et leurs mœurs. Je regarde les musiciens Mais je ne les écoute pas. Parfois, je sens le vent froid Et je rêve que ta main... Parfois, je sens le vent froid; La porte vient de s'ouvrir, Je pourrais presque sentir Que tu t'approches de moi. Sur mon épaule, tu poses la main Dans un geste comme une caresse, Dans une amitié pleine de tendresse, Sans raison, sans obscur dessein. Mais ce geste, tu ne le feras pas. Le porte s'est peut-être ouverte Mais cette chance ne s'est pas offerte. Le seul contact est le vent froid. Je reste sur ma chaise A regarder les gens, Le miroir de mon temps Et je ne me sens pas à l'aise. Antwerpen-l'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité Une enfant joue à la marelle Entre les tables du café. Le jeu du carrelage Dessine un échiquier. La dame joue sûrement la reine Et lui, un pion ou un fou. Il regarde son visage, Se plonge dans son regard doux. L'enfant s'est assise. Les cuillères sur les tasses Font une musique imprécise, Sonnailles dans la conversation. La dame commence à se raconter Sans qu'il se lasse. Naissent parfois les amitiés Entre une femme et un démon. L'enfant invente un paysage Sur une feuille de papier, Avec un soleil et une lune Qui vont se marier. Ecrire de nouvelles pages, Ponctuées de son sourire, Sans idée de saturne, Si ce n'est abondance de rires. Vous écoutez mes mots Mais vous n'entendez pas mon âme. Vous croyez en connaître le sens Mais vous ne connaissez pas Celui que je leur donne. Pourtant, vous êtes belle... Mais votre Sainte Inquisition Me condamne à mort. Y auraient-ils des vers de trop, Peut-être même infâmes Qui justifieraient votre silence. Horrible son du glas A mes oreilles sonne... Pourtant, vous êtes belle... Mais votre Sainte Inquisition Me condamne à mort. L'absence d'écho Pour les mots de mon âme Pèse sur l'existence. Pourquoi ne me dites-vous pas Où est née la maldonne.
Bruxelles-Terrasse du Café "l'indigo"_Usurpation d'identité C'est l'été. Sur la terrasse à peine ombragée, Il attend ses pas Sur l'escalier de bois. Il y a quelques volées A monter Pour arriver jusque là. Là-haut, sur le toit, Il y a le ciel, Des pots de terre ébréchés, Des chaises aux couleurs passées, Des pignons lézardés Comme certaines vies à quarante ans. Les murs lépreux se garnissent de lierre. On voit la vie des gens A travers les tabatières. Des bacs remplis de menthe poivrée Se prélassent sur le vieux plancher. Il y a un oiseau sur une cheminée Et un nuage perdu dans l'immensité. Il y a le miel de l'attente Avant peut-être, l'amer de la déception. Il ne sait pas encore si elle viendra Dans sa petite robe indigo.
Pecrot-Halte du chemin de fer-Usurpation d'identité. Le soleil avait passé sa journée à se promener dans un ciel pur. Mais le sol restait couvert de grésils qu'il n'avait pas fondus. A travers les peupliers effeuillés, le vent glacé balayait le quai. Le soleil emmenait avec lui les dernières traces d'azur. Les lampadaires laissaient maintenant tomber leur halo cru En attendant le train, un homme seul faisait les cents pas. Dans sa tête, il retournait toutes ses habituelles pensées. Se poser et se reposer cette question: est-ce qu'elle viendrait. Dans sa chair, en son âme, il avait terriblement froid. Ses doutes, il n'avait plus la force ou l'envie de les balayer. La sonnette du passage à niveau se mit soudain à tinter. Les barrières rouges et blanches s'abaissèrent doucement. Le train s'arrêta. Une nouvelle histoire commençait. Il attendit que les portes s'ouvrissent sur l'air glacé Pour être certain que c'était bien son visage souriant.
Ces mots que je te dis Mais qui ne disent pas grand chose. Des mots qui respirent l'ennui Plutôt que le parfum des roses. Des mots qui deviennent ridicules, A raconter de petits riens. Des poncifs qui s'accumulent Dans une histoire sans teint. Parce que ce n'est pas ma langue, Parce tout reste dans une gangue, Parfois, parce que tous, on a peur, Souvent, parce que ça n'a pas l'heur(e) Ce pourrait être autrement Que quelques paroles en passant. Ce peut être de vraies questions Auxquelles tu réponds. Je devrais m'asseoir Sur une chaise à côté de toi Et nourrir le fol espoir Que tu me raconteras.... Mais veux-tu avoir confiance? Pourquoi perdre son temps Pour des mots sans importance Au plaisir très évanescent.
Bourla-Antwerpen_Usurpation d'identité. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. Je regarde autour de moi les gens attablés, Couples silencieux ou vieilles dames pépiantes, Un homme seul occupé à lire un journal. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. Une dame écoute la musique, inspirée. Un jeune homme empressé fait la cour A une jeune femme pleine de feu. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. J'écris mes rêves sur le papier Pendant que mes voisins commandent Une eau, deux cafés et une Orval. La chaise est vide et le temps vient s'y asseoir. A l'autre bout, une porte s'est refermée. Je te regarde arriver, sans détour, Souriante, élégante, dans ton tailleur bleu. La chaise n'est plus vide; tu viens de t'asseoir.
Au coin d'une rue_Leuven-Ravenstraat-Usurpation d'identité Un jour, peut-être se reverra-t-on Au coin d'une rue ou au détour d'un couloir. Malheureusement, les rues ont tant de coins Et les couloirs, tant de détours. Et il y a tant de rues Dans lesquelles tu ne passeras pas. Et il y a tant de couloirs Que jamais tu n'arpenteras. Mais imagines que cela arrive... Dans une rue de Louvain, près de la bibliothèque, Moi, je serais assis sur une chaise devant le Dadario... Je sais, je sais, tu n'y as jamais les pieds Mais on peut toujours rêver... Je serais assis sur une chaise... Ce devrait donc être en été, Quand il n'y a pas trop de monde. Je serais en train de bavarder Avec le barman justement désœuvré. De quoi parlerait-on, cela n'a pas d'importance. Toi, tu passerais le coin, devant la boulangerie... Non, non, c'est trop près... Tu viendrais plutôt de la faculté de lettres. On ne saura pas qui aura vu l'autre en premier Mais on se sera déjà reconnu, déjà souri... Et quand tu arriveras près de moi, Sans un mot, tu poseras la main sur mon épaule Et tu m'embrasseras sur le front, tout simplement.... Un jour, peut-être se reverra-t-on Au coin d'une rue ou au détour d'un couloir. Le vent est froid mais le soleil brille. La flèche de la cathédrale pointe au loin, Derrière les façades d'immeubles arrogants. Les eaux grises du fleuve charrient Les idées noires des pauvres gens, Mais les oiseaux dans le ciel bleu Ont l'air libre, presque heureux. Des couples se tiennent par la main Et se tirent tristement la gueule. D'autres qui se promènent seuls Se sourient en se croisant. Derrière tous ces passants Il y a des foules d'histoires. Entre le fleuve et le ciel, Il y a l'horizon, l'essentiel, Le point de convergence. Où se rejoignent les mémoires, Où se livrent les vérités, Où naît d'une façon l'éternité. Dans ces immeubles arrogants, Sous la flèche de la cathédrale, Sur les quais de l'Escaut Et partout ailleurs, Il y a une masse de gens Avec des vies parfois bancales, Mais avec des moments très beaux, Quelques secondes de bonheur... Un reflet dans une porte vitrée Un visage, un jour de printemps, Un reflet dans une porte vitrée, Une silhouette sur une terrasse, l'été. Les images vont, viennent, disparaissent. Un jour, on rencontre ces gens, Reviennent ces réminiscences. Tout cela ne porte pas à conséquence, Rien qui ne vous tire à confesse. On met un nom sur des souvenirs, En filigrane, on découvre une personne. Doucement, sans que les clochent sonnent, On a envie de commencer à écrire. Sur tout, sur rien, souvent sur le temps, Parfois sur nos frères, nos sœurs, Trop rarement sur nos étoiles ou nos peurs, La vie se raconte par petits fragments. On ne met pas encore toute une âme, Derrière les mots, derrière les sourires, Mais on se remet vraiment à écrire Et on le fait comme ça, gratuitement, Sans qu'il y ait volonté infâme. On fait peut-être du mal sans le vouloir, Les gens ne connaissent pas votre histoire, D'une vie tout le tremblement. Les rencontres sont affaire de hasard, D'aucun n'ont ni le temps, ni l'envie à s'y consacrer. Les vraies rencontres sont des choses rares Qui débouchent parfois sur l'amitié. Quand on a envie de rassembler ces souvenances, De connaître l'être plutôt que le paraître, D'implorer quelque part, une forme de patience, De tolérance pour cette envie de connaître. Un visage, un jour de printemps, Un reflet dans une porte vitrée, Une silhouette sur une terrasse, l'été Le son d'une voix et les méandres d'un esprit, Objet de questions et de compliments... Tout est plus simple que l'on ne croit, Pourquoi ne le dit-on pas, Naturellement, sans préjugé, sans parti pris
Xxx "Hors l'amitié, point de pardon, Filles ou garçons, Autres manières Mais mêmes prières."
Dans un restaurant italien, un soir de réveillon, Des sapins artificiels, des nappes en papier Et un serveur napolitain à la voix cassée. Dehors, se pressent de rares passants, Manquant de glisser sur les pavés luisants, Appelant contre le temps, le nom du démon. Nous, tous les trois, au chaud à l'intérieur, A cause du vin rouge, le feu aux joues, Personne n'a l'idée de tirer une moue. Deux femmes, un homme et trois âmes, Nous parlons de nos joies, de nos drames. Des autres, chacun pourfend les peurs. Nous nous échangeons nos assiettes, Pour échanger les goûts, les parfums, Nos manières d'être devant le destin. Cela fait maintenant de longues années que nous nourrissons patiemment cette amitié, De tout ce qui se pleure et se fête. Nous nous disons tout ou presque tout. Y passent, le deuil, le doute et l'amour, Les idées, les passions sans détour. Il y a des "quatre vérités" pleines de tendresse, Il y a des regrets que l'on caresse, Dont le partage semble si doux. Cela se passe parce que nous y croyons, Que nous ne restons pas à nos frontières, Que nous sommes de la même matière. Que cela soit difficile parfois, Point naïfs, nous n'en doutons pas. Nous y sommes parce que nous le voulons. Nous échangeons dans nos regards verts, L'infini plaisir et l'indicible émoi, D'être réunis tous les trois. Sur un menton, une goutte de vin Vite essuyée d'un geste de la main, La vie est tout aussi éphémère. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Les secondes passent, les minutes s'envolent, Les heures trépassent, à une vitesse folle. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Les images passent dans la tête. Parfois elles s'effacent, la fin de la fête. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Je cours après elles, elles s'enfuient A tire d'ailes au milieu de la nuit. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. Elles doivent revenir. Je les cherche partout. Qu'un seul désir, rêver de toi est si doux. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. C'est le présent que je veux te donner, Tout ce temps à passer à rêver. Piques, piques-moi, piques mon temps. Le temps pour penser, pour penser à toi. |