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A collection of poetry. De novembre 2001 à juin 2002 (volume 4).
De novembre 2001 à juin 2002 (volume 4). Table des poèmes Oostende_la passerelle (part one) _Un départ dans la nuit._usurpation d'identité * Antwerpen_Bourla_Usurpation d'identité. * Antwerpen_L'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité * Antwerpen_l'entrepôt du Congo_la porte_Usurpation d'identité. * Antwerpen_usurpation d'identité. * Oostende_la passerelle (part Two) _Un départ dans la nuit._usurpation d'identité * Usurpation d'identité_Antwerpen_Amerikalei. * Usurpation d'identité_Antwerpen_Amerikalei_part two. * La vallée de la Dyle, un soir de juin. * La salle Jacquet_Jodoigne Souveraine. * Antwerpen_Entrepôt du Congo_Usurpation d'identité. * Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? * Bruxelles_Derrière le Sablon_Usurpation d'identité * Bruxelles_rue Blaes_Usurpation d'identité * La Croix En Touraine_un vieux mur de pierre. * Apologie d'un poète (xième version). * Oostende_la passerelle (part one) _Un départ dans la nuit._usurpation d'identité La passerelle entre le quai et le navire, Celle que j'hésite à monter, Cette passerelle entre le passé Et l'ailleurs, l'autre part de l'avenir. Une brise légère, le clapotis de l'eau, Les étoiles qui brillent là-haut, Cette passerelle qu'il faut grimper Pour savoir ce que l'on a manqué. Il faut prendre une décision. Il faut vivre déjà avec ses regrets Ou risquer cette fragile paix. Ne pas vivre comme un con. Je sais que tu es de l'autre côté, Que tu es là, sur ce navire. Le reste, je suis encore à l'ignorer, Cette peur de ne pas prédire. La passerelle, sous mes pas, Va-t-elle osciller, se balancer, Je sais que je vais te retrouver. Ce que je peux penser à toi. Vais-je attendre trop longtemps Que se relève cette passerelle. Que dans le soleil couchant, Nos deux vies se démêlent. Tu risques de m'ignorer Si je grimpe là-dessus, Tu ne m'avais jamais vu. Tu pourrais aussi m'embrasser. Il y a tant de passerelles Entre les quais et les navires. Tant entre nous et elles Entre le passé et l'avenir. Le bateau est-il parti? M'as-tu déjà oublié? Jamais amant, jamais ami, La passerelle est-elle relevée? Le sens des silences. S'en vont, s'en viennent Dans tous les sens. Des silences Qui ne veulent rien dire. Des silences Qui ont tout à dire. Des silences, Timides comme une jeune fille. Des silences, Méprisants pour l'autre. Des silences Parce que l'on n'ose pas. Des silences Parce que l'on ne s'intéresse pas. Le sens des silences Que l'on ne connaît pas. Des silences Pour ne pas trop dire. Des silences Parce que l'on en a dit de trop. Des silences Par lâcheté, Des silences, Plein d'amour. Des silences Difficiles à supporter. Des silences A regretter, d'autres pour espérer. Des silences, Dans tous les sens. Mieux vaut avoir des lettres Qu'avoir des mots, Les mots disent toujours de trop, Trop loin ou trop peu, Les mots sont des prisons Qui enferment les lettres. Une lettre et quelques points Et c'est un peu de rêve. Une lettre associée à d'autres, C'est un mot que l'on dit En toute inconscience Et il n'y a déjà plus Aucune innocence.
Antwerpen_Bourla_Usurpation d'identité. C'est parfois un regard, Une petite phrase, un peu au hasard. Quand la porte se referme, On ne regrette pas ses termes. On ne connaît pas sa faute, Voit pas le vernis qui saute. Pourtant, c'est la dernière fois Qu'elle s'est assise près de toi. Un ange, par-là, est passé Et tu ne l'as pas vu volé. De la vie, ce sont les choses. Tu crois offrir des roses Et les épines la blessent, Rappelant quelque détresse. Tu as cru bien dire, bien faire, Mais tu es dans une telle galère. Il n'y a pas là quelque crime. De ces nuances infimes Naissent des malentendus Ou des trop bienentendus. Pas de martel en tête, S'il n'y a rien que tu regrettes, Seulement, cette porte fermée Et cette chaise dans le café. Ce qui se raconte est peut-être vrai Mais la vie ment si souvent. Tu ne peux pas faire une si longue route Sans avoir, un jour, un doute. Je pourrais m'asseoir sur le bas-côté Et regarder les gens passer. Je pourrais leur demander De me raconter leur histoire. J'ai bien peur de ne récolter Que de profonds silences. Ce qui se raconte est peut-être vrai, Il y a tant encore à croire. Si ce n'est pas cela, c'est son contraire. Un chemin est bordé de vérités, Fleurs naissantes, arbres desséchés. Je pourrais m'asseoir sur le bas-côté Et raconter aux gens qui passent Ce qui me passent par la tête. Ils pourraient penser que je mens. Comment le leur prouver? Ce qui se raconte est peut-être vrai, Le temps décante nos erreurs. Je crois seulement que parfois Il sèche nos pleurs et invente A sa manière des souvenirs, Plein d'amour ou de regrets. Je pourrais m'asseoir sur le bas-côté Et croire qu'un jour, tu repasseras Au même endroit, à la même heure Mais à tout cela, je ne crois pas. Ce qui se raconte est peut-être vrai, Mais simplement une question De lumière, de lueur dans les yeux, De l'écho d'un mot, d'une voix Qui s'éteint dans le lointain. Je pourrais m'asseoir sur le bas-côté Un brin d'herbe entre les dents, A l'ombre d'un vieux charme, Et me regarder passer sur la route, Entre mes certitudes et mes doutes.
Antwerpen_L'entrepôt du Congo_Usurpation d'identité Je suis loin, très loin De ces étangs aux reflets mordorés, Les couleurs de ton regard, Perdues un jour. Je suis au point De ne pouvoir plus que rêver D'une rencontre par hasard, Les circonstances concourent. Je suis loin, très loin, Là-bas ou ici dans ce café, De penser encore te revoir, Perdue pour toujours? Je suis au point De croire, triste et découragé, Que n'existe pas l'espar Pour changer le cours. Tu es loin, très loin. Il me reste ces songes volés, Images de ci, de là, d'un soir, Je ne gagne pas à la mourre.
Antwerpen_l'entrepôt du Congo_la porte_Usurpation d'identité. Une porte close Que tu ne veux pas ouvrir. Une porte vitrée Par laquelle tu peux regarder. Mais tu ne distingues pas très bien, Ni les choses, ni les gens, Ni leur vie, ni leurs sentiments. Je suis là, dans le café, Et tu ne pousses pas cette porte. Je ne peux pas sortir Pour te rejoindre sur le trottoir. Je dois rester sur ma chaise. Tu ne veux pas que je sorte. De toute façon, je n'ose pas. Pourtant, toutes les portes N'ouvrent pas sur des boites A Pandore. De toute façon, au fond, Il reste l'espoir. Pourtant toutes les portes N'ouvrent pas sur le malheur. Une porte close Que personne ne veut ouvrir, Par angoisse, par paresse, Par peur de se décevoir. Tu restes sur le trottoir, Moi, sur ma chaise. Tu pars, sur un dernier regard.
La porte close Comme nos idées. Appréhension de s'ouvrir, De perdre ses distances, Sa paix ou ses illusions. La porte du café Est restée fermée. Des raies de lumière A travers Les persiennes Tigrent Les deux chats Qui paressent Sur le parquet. Les grains de poussière S'envolent, Reviennent. D'étoiles, L'éclat Puis tout Disparaît. Tu dois être sur le divan, A lire un roman. J'aurais voulu être là, Etre assis près de toi, A regarder dans la lumière Danser la poussière.
Antwerpen_usurpation d'identité. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on ne veut pas. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on a peur de ça. Un scooter futuriste me frôle. Je marche sur la bordure. J'ai oublié mon rôle, Fin de non recevoir, pas de futur. Je croise des gens pressés, Pressés d'arriver quelque part. Je ne sais plus où aller, Pas de futur, fin de non recevoir. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on ne veut pas. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on a peur de ça. Je m'arrête au coin d'une rue, J'imagine une silhouette, Dans une vitrine, entraperçue. Elle part sans attendre, pirouette. Je ne peux pas crier mes questions Au vent perdu dans le bruit de la ville. Personne, même l'écho ne répond. Alors elle, battement de cils. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on ne veut pas. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on a peur de ça. Port des brumes et de l'angoisse, Des mots que je n'ai pas dits, D'autres, de vrais porte-poisses. Je n'ai jamais rien compris. Je pourrais tirer la sonnette. Si d'aventure, on me laisse monter, Faire la différence, entre sornettes Et ce qui est ma pauvre vérité. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on ne veut pas. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on a peur de ça. Bien-entendu que je ne ferai Rien et encore moins que ça. Mais on peut toujours rêver Qu'un jour, le hasard le fera. Un scooter futuriste me frôle, Le même qu'il y a un instant. Cela me semble drôle. La scène revient, se répétant. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on ne veut pas. Tout ce que l'on ne fait pas, Parce que l'on a peur de ça. Oostende_la passerelle (part Two) _Un départ dans la nuit._usurpation d'identité Echappée, perdue, envolée, Au bout de la passerelle, Le vide au-dessus de l'eau. Le navire s'est fait la malle Et elle est sur le pont. J'avais beau courir, Je n'avais pas de billet, Pas de carte d'embarquement, Pas de passeport, Pas de "passe-tort". Je regarde à l'horizon Les dernières lueurs, Les salons et les quelques hublots Encore éclairés. Les mouettes rient. Echappée, perdue, envolée, Peut-être son mouchoir S'est-il agité? Je n'ai rien vu, Je suis arrivé trop tard. Qui sait si le vent Ne portera pas Mon appel pressant? Mais les mouettes rient, Les mouettes se moquent. Je redescends De la passerelle inutile, Qui mène futile Au vide le plus profond, Celui d'un départ.
Les yeux dans les nuages, Les pensées toutes nues, Souvenirs... Perdue... Moins belle que charmante, Jamais arrogante... Je te regarde marcher Au fil des songes. Ne plus entendre parler, Ai-je jeté l'éponge. La couleur des paysages, Les réponses mal venues, Désirs... Émue... Certainement intrigante, Vraisemblablement pas intrigante. N'avoir rien su De ton âme rencontrée. Ne pas avoir vu Les refus annoncés. Autrement qu'un simple passage, Des idées préconçues, Invertir... Je m'évertue... Mais la douleur lancinante Reste là, constante. Je n'ai droit à rien, Ni plaintes, ni couronnes, Même pas l'espoir incertain Que tu me pardonnes...
Jamais eu de sang répandu, Aucune larme versée Mais pas non plus De baiser échangé. Il y a eu des mots Mais vide de sens, Rien de plus, de trop, Même d'indécence. Il y a eu des regards Qui se donnent parfois Comme au hasard, Sans réel émoi. Il y a eu des gestes, Sans signification, Fuite comme la peste, A tort ou à raison. A moins d'avoir Préféré tout taire, Sans un mot d'espoir, Plus facile à faire. Il n'y a plus rien, Plus un sourire Même anodin, Plus un rire. Rien de malvenu, Rien à regretter, Mais rien de vécu, Rien à oublier...
Dans nos vies, les nuages noirs Reviennent si vite. Couleur du désespoir Que l'humain plébiscite Par paresse, Par faiblesse, Par lâcheté. Ces nuages noirs Emplis de certitude, Les éclairs de haine, Le tonnerre du rejet. Nous croyons que seuls, Les autres, Seront trempés. Mais la tourmente est généreuse, Elle touche tous et toutes, Le paria et le détenteur de vérité. Dans nos vies, les nuages noires Reviennent si vite Et il ne faut pas croire À un salut dans la fuite.
Usurpation d'identité_Antwerpen_Amerikalei. Un long boulevard, Dans la lumière du soir, Des voitures passent, Pressées de rentrer. Les premiers lampadaires Offrent leur lumière Aux quelques passants, Perdus déambulants. Je me promène, L'âme en peine Quand je te vois. Tu ne regardes pas. Les feux de circulation, Sans émotion, Règlent le hasard Le long du boulevard. Je ne peux traverser, Pour aller de l'autre côté. Je te regarde partir Avec un soupir. Si le feu passe au vert, Peut-être encore, j'espère. Mais sur l'autre trottoir, Il me suffit d'un regard. Ta silhouette disparue Au coin de la rue. C'est trop tard, Dans la lumière du soir.
Usurpation d'identité_Antwerpen_Amerikalei_part two. Un long boulevard, Dans la lumière du soir, Je continue ma promenade, Le Graal s'éloigne de Galaad. Les vitrines lumineuses Éclairent les faces cireuses Des mannequins Et des passants sans destin. Un long boulevard, Dans le jeu du hasard, Chercher dans les reflets Des visages que l'on connaît, Dans les couples croisés Des lambeaux de rêves brisés, Des morceaux d'existence, Des retours à l'évidence. Un long boulevard, Dans la lumière du soir, Je continue ma promenade, A l'âme, cette escapade. Puis dans la rumeur des autos, Un appel dans mon dos, Un prénom qui sonne, La bonne personne?
Tes cheveux dans le vent Et mes paroles Qui s'envolent. Des larmes dans tes yeux Mais c'est le vent, Seulement. Un sourire sur tes lèvres, Mais sans raison, Qu'en dirait-t-on ? Et pas de réponse Même qui arracherait Le cœur d'un trait. Et pas un mot Même qui écorcherait La vie d'un insuccès. Tes cheveux dans le vent Et mes paroles Qui s'envolent. Cela te passe le temps.... La vallée de la Dyle, un soir de juin. Il y a dans la vallée, Au-dessus de la rivière Quelques traces de sang Et le reste des cieux, De nuages gris, endeuillés Couverture de misère, Où de temps en temps Des bribes de tes yeux S'émancipent .... Il y a l'horizon, Un soleil déjà lointain, Un jour se meurt Où l'on n'a pas aimé. Parfois la passion Fatiguée s'éteint, Dans une torpeur. Sur l'avenir blessé, La vie anticipe. Il y a dans la vallée, Au-dessus de la rivière, Quelques traces du temps, Au hasard des cieux, Où l'on s'est aimé. Qu'encore, on espère. Sans être amants, Croiser tes yeux En aucun Chrysippe Montrer ses faiblesses, Ecrire sa détresse, Ce n'est point geindre; Ce n'est point se plaindre. Uniquement raconter Par humilité, par humanité. Que nous sommes si peu En se croyant dieu. Pas de justification, Pas d'explication Pour justifier la lâcheté, Nos petites malhonnêtetés. De simples mots Pour être moins sots.
La salle Jacquet_Jodoigne Souveraine. Les cartes à jouer Jetées Sur le tapis usé. Des trognes de joueurs, Vieux habitués De ce petit café, Dans un hameau perdu En face d'une église Décrépite. Une horloge publicitaire Rythme le temps Des levées et des murmures Des clients qui ont pris Le pli De jouer silencieusement Entre marques qui se posent Et remarques qui se susurrent. Cela vit doucement Dans la chaleur du poêle Qui casse le froid De ce mois de juin Encore frais. Deux spectateurs, À califourchon sur leur chaise, Regardent cette partie De taiseux. Un fume la pipe Qui laisse sur le jeu Une légère brume De matin d'automne. L'autre a au bec Une cigarette roulée, Éteinte comme son regard. Un joueur fume le cigare Au parfum un peu aigre. Les choses se passent. Antwerpen_Entrepôt du Congo_Usurpation d'identité. J'essaye d'accrocher ton regard. Je l'attrape mais il repart. Il y a toujours une fuite, Une crainte qui nous habite. Je le retrouve dans le miroir, Perdu au loin, ton regard. Il raconte des choses Et les questions qu'il pose. Il a pourtant, ce soir. De la chaleur, ton regard. Peut-être que je ne sais pas Lire tout son émoi. J'essaye d'accrocher ton regard. Je l'attrape mais il repart. Tantôt, il me rassure, Tantôt, il me torture. Je le retrouve dans le miroir, Perdu au loin, ton regard. Est-ce que vraiment j'y lis, Des suppliques, des cris. Il a pourtant, ce soir. De la chaleur, ton regard. Ha, si tu pouvais traduire... Que je ne te fasse pas souffrir.
Les petits mots, les chuchotements, Qui pourraient se dire facilement Et parfois se taisent tout autant. Les petits gestes, les sourires, Qui pourraient montrer sans faillir Ce que l'on n'ose dire. Les odeurs, les couleurs, les parfums, Dont on ne devrait pas être à jeun, Et tant préjugés par d'aucuns. La peur du risque, d'un écart, Pour la douceur d'un regard, Rayé sans regret de la mémoire. Ha, le goût des choses établies Pour nous faciliter la vie, Nous priver des nuances infinies, Du plaisir et de la souffrance, Nous plonger dans l'inappétence, Par peur de toutes les conséquences. Ce n'est pas que son contraire Mériterait que l'on en soit fier, Mais entre les deux, il y a une aire, D'immense plaisir et de respect, De tristesse et de grande paix, Mais il faut pouvoir y être prêt.
Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? L'encre d'un stylo-bille publicitaire Ou d'un beau stylo à la plume d'or. Est-ce d'une telle importance? Faut-il un papier vergé Pour dire que l'on peut aimer? Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? L'encre des regrets tristes et amers Ou celle des espoirs peut-être d'ores Et déjà perdus par l'impatience. Peut-on écrire sur un carton de bière L'ode pour un regard offert? Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? L'encre de ces souvenirs délétères Ou celle du désir d'un corps. Est-ce d'une telle importance Que les pages se perdent dans un tiroir Si elles vivent dans une mémoire? Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? Celle des choses que l'on veut taire Ou celle d'honnêtes confiteor, Difficilement écrits ou avec aisance? Peut-on écrire dans le vent Pour disperser ses sentiments? Avec quelle encre s'écrivent les poèmes? L'encre d'une liberté entière Ou celle d'ineffaçables remords. Est-ce d'une telle importance Tout ce que l'on pourrait écrire Alors qu'il serait plus simple de le dire.
Entre deux nuages, Un soleil distrait Doucement réchauffait Le bois du vieux banc. Quiet paysage, Où le temps passait, Les souvenirs repassaient Au-dessus des étangs. Où un vent sage, Mais parfois indiscret, Avec une robe jouait, Comme un don juan En des marivaudages Bruxelles_Derrière le Sablon_Usurpation d'identité Entre de hauts bâtiments, Sur une petite place, A l'abri du temps. Tu es assise en face, De moi, à l'ombre D'un vieux mur. En équilibre, sur les pavés, Les tables et les chaises, Notre conversation, parfois ébranlée, Des voix qui se taisent Mais point se morfondent Sans en être vraiment sûr. Sur un toit, se dresse Un ange doré Et le vent, d'une caresse Emporte les idées. Pourquoi être inquiet Des mots que l'on dit. Je regarde tes yeux Pour comprendre ta vie, Exaucer tes vœux, En évitant que tu ne fuies. Sans volonté de méfaits... Pardonnes ce que je suis. Un petit peu à la fois, Parfois aussi, très maladroit, A petits pas. Soif D'apprendre, Envie De comprendre. Ne pas restez sur sa faim, Risquer la fin De non-recevoir Pour plus en savoir, Mais sans faire de peine. Chercher le sourire Comme une récompense, Chercher dans le regard Comme une bienveillance. Un petit peu à la fois, Offrir un peu de soi, A petits pas Chercher Les réponses, Les idées De son âme. Espérer le pardon Pour toutes les maladresses. Un petit peu à la fois, Parfois aussi, très maladroit, A petits pas Parce que cela en vaut la peine. Bruxelles_rue Blaes_Usurpation d'identité Les trottoirs encombrés de badauds et de chalands, Des touristes, des bourgeois, D'autres, plus pauvres que l'on ne croit Des brocanteurs de bout de vie, des gros marchands. Le bruit des bruits des moteurs et des klaxons, Des enfants qui passent En jouant les "apaches". Et un musicien du basson. Les regards d'amateurs éclairés Qui cherchent la pièce rare, Qui viendra au jour, par hasard, Dans ces boutiques de vendeurs roués. Les yeux de cette femme charmante, Entre les commodes à raccommoder Et les existences de porcelaine ébréchée Qui regarde et de quelques mots commente. Et moi, j'écoute, je réponds et je raccroche Tous ces fragments de destinée, Des escaliers à monter Des marches à descendre sans anicroche. Essayer de la connaître, Avec toutes les possibles erreurs, Comprendre son sens du bonheur, En associant les styles et son être. La rue a beau être grouillante, Les vitrines remplies de curiosité, Et d'une foule bigarrée, Petit malfrat et agréable passante. Je m'en moque parce que mon repère Est aujourd'hui son sourire. Ma seule chance peut-être de la circonscrire. Alors je ne veux pas me laisser distraire. Méfiance, Repli sur toi. Culpabilité Pour ce que l'on n'a pas fait. Défiance, Manque de foi. Responsabilité, Coulée en de lourds regrets. Confiance, Confiance en toi. Inviter Le bonheur toujours si prêt. Constance Parce que tu y crois. Pardonner A ceux qui t'aideraient. Souffrance Parce qu'on ne l'évite pas. Apprivoiser Le malheur toujours si prêt. Espérance Parce qu'autrui est là. Excuser Parce que personne n'est parfait. Il y tant dans l'existence, Des qualités en nous, Que l'on doit retrouver. Des plaisirs d'exister, Des douleurs à vivre Que l'on doit partager. Du poids de l'amitié Pour pouvoir avancer. Des mots pour comprendre Et des sourires à échanger.
La Croix En Touraine_un vieux mur de pierre. Un soleil plein d'ardeur, Une profonde chaleur, Entre les vignes bien taillées L'herbe roussie bien avant l'été. Sur le chemin, la poussière Danse parfois dans le vent éphémère. Derrière quelques cerisiers, Aux fruits arrogants et acidulés, Se prélasse une longère Enlacée d'un mur de pierres Comme le bras d'un amant Autour de la taille, amoureusement. Un vieux mur de pierres, Une enceinte de chair, Semblant si solide, si forte, A échapper à la mort. Les épines acérées des roses Auxquelles point il ne s'oppose. Les lézardes à la passion Qui minent lentement sa raison. L'amour pour le nourrir Qu'il ne peut fuir. Cette cruelle impossibilité A pouvoir se partager. Ce qu'elle est ignorante, Cette adorable passante, Que le soleil a moins d'ardeur Que ce vieux mur en pleurs De ne pas être et avoir été, De pouvoir partir et encore rester. Drôle de quête, de cafés en bars, Pour un homme qui n'aime pas boire, Faire toutes les chapelles Pour ne penser qu'à elle. Passer entre les tables occupées, Aller jusqu'au comptoir, Pour ne consommer qu'un café Et chercher infiniment son regard. Regarder par les vitrines, Si d'aventure, par hasard, Et chaque enseigne assassine Un petit morceau d'espoir. Drôle de quête, de cafés en bars, Arpenter sans fin les trottoirs, On ne peut pas, sans séquelle, Continuer à penser à elle. Il arrivera bien un jour Où il pourra la revoir. Le destin joue tellement de tours Et se joue autant de l'amour. Mais en attendant, jusque là, Il peut encore arpenter, hagard, Longtemps, tant qu'il y croit, Les rues, de cafés en bars.
ll y a longtemps qu'il sait Que ses rêves ne seront Jamais une réalité. Que s'ils sont un corps, Il ne pourra, illusion, Jamais le toucher. Il y a longtemps qu'il sait Que ses marches ne le porteront Jamais jusqu'au baiser. Qu'il a toujours eu tort De croire à une passion Qui ne pouvait exister. Il y a longtemps qu'il sait Qu'il est de ceux qui font Accès de culpabilité Comme si, jusqu'à sa mort, Il ne pouvait avoir raison Contre cette réalité. Il y a longtemps qu'il sait Que les destins se font et qu'il est vain d'y résister, Que malgré tous ses efforts, Elle reste une illusion Qu'il ne pourra pas enlacer.
Le voyageur incessant A chercher derrière les collines Ce qu'il ne trouve pas devant, Ce qu'il croit le fuir. Et pour lui, aujourd'hui, Toutes ces collines, Ce sont les vitrines Des cafés et des restaurants. Des petites robes à fleurs Qui ne sont que des reflets Dans les miroirs trompeurs. Ces rues qu'il enfile, Larges vallées perdues Où les troupeaux de piétons Ne changent rien à la solitude. Et s'il croise un regard, Bien vite celui-ci se détourne. Quand bien même il trouverait, Il faudrait encore dans son âme, Passer de colline en colline, Pour comprendre une vérité, Si tant est que l'esprit s'ouvre. Mais lui, naïf et courageux, Continue sa quête, Passe imperturbable sa tête Par la porte des cafés Pour jeter un œil. Il est loin encore De vouloir porter le deuil. Il marche, sans accord, Mais sur une petite musique douce. Il cherche dans la foule des traces D'une silhouette, d'une démarche.
Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien qu'il ne voudrait avoir dit. Ce sont des mots de tous les jours. Parfois on dit des choses, Qui ont comme un parfum de rose, Comme une fragrance d'amour. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien pour faire du mal. Ce sont des mots qui se promènent, Des mots qui sont si vite dits Et parfois tout aussi vite mal compris. Alors le démon entre en scène. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien qu'il ne voudrait avoir dit. Le diable joue des mots Pour leurrer méchamment l'esprit Mais que voulez-vous, c'est ainsi, Il y a toujours le mot de trop. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien pour faire du mal. Ce sont des mots innocents Si tant est qu'ils puissent l'être Qui vous laissent comparaître Devant un tribunal permanent. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien qu'il ne voudrait avoir dit. Ce sont des mots de tous les jours. Parfois on dit des choses, Beaucoup plus qu'on ne suppose Et l'autre n'est pas sourd. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien pour faire du mal. Mais les mots restent importants Pour pleurer sa tristesse, sa peine Et si le démon entre en scène, Qu'importe si l'autre est confiant. Rien de méchant, il ne dit rien de méchant. Rien de méchant, rien qu'il ne voudrait avoir dit. Apologie d'un poète (xième version). Comme une abeille contre une vitre, Je suis piégé par la transparence, Mes milles mots qui t'encensent Sont parvenus à te rendre triste. Que faudrait-il, bon dieu, faire Pour que ce chagrin s'apaise. J'ai beau en faire l'exégèse, Où est le mal dans ces vers? Comme une abeille contre une vitre, Qui voit de l'autre côté, la lumière, Encore toujours, un pardon j'espère Pour tout ce qui te rend triste. Peut-être qu'un jour la vitre se brisera, Pour passer de l'autre côté. Peut-être que tu m'offriras ta liberté... Peut-être qu'un jour la fenêtre s'ouvrira Comme une abeille contre une vitre, Si vite pris, si vite mis en prison, Avec toutes les excellentes raisons Que l'on a quand on est triste. |