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La gare

Par Gabriel Ney et Denis Marion •  • Samedi 26/05/2012 • 0 commentaires • Version imprimable

Les quais sont vides.
Le panneau d'affichage éteint.
Je vois passer un train
Avec des wagons d'acide.

C'est triste une gare
Dans le sens des départs.
C'est rempli de courants d'air,
Qui sait, de souvenirs amers.

Assis seul sur un banc,
Entre deux salles d'attente,
Mon esprit prête le flanc
A quelques tourmentes.

Il me faut résister
A ces sombres idées.
Il faut que je remémore
Les bons moments d'alors.

Je vois une silhouette fine,
Qui passe, ondulante,
Simplement, mais "hyperféminine",
D'une ancienne amante.

Le départ fut brusque,
Parmi les lambrusques,
enchevêtrées de mon cœur,(1)
J'avais perdu ma sœur.

Aurais-je étudié les horaires,
Je n'aurais pas raté son départ.
Mais qu'aurais-je pu faire
Pour ne pas devenir hagard.

Alors, je m'accroche,
A des fétiches proches
Ou même très lointains,
Avant de connaître la faim.

Les quais sont vides,
La tête est pleine.
La démarche n'est vaine
Que quand on le décide.

(1) Emprunt à "Ce que je choyais naguère parmi les lambrusques enchevêtrées de mon cœur, mon grand péché radieux, s’était réduit à son essence même : le vice stérile et égoïste, tout cela je l’annulais et le maudissais."
—(Nabokov, traduction de Maurice Couturier, Lolita, in Œuvres romanesques complètes, t. II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2010, p. 1101) (Source Wikipedia)