S'identifier - S'inscrire - Contact

La pelouse

Par Gabriel Ney et Denis Marion • Des poèmes récents ou pas. • Mardi 20/01/2004 • 0 commentaires • Version imprimable

Mots-clés :

Rimes tirées de  À la musique d'Arthur Rimbaud (1854-1891) dans le recueil : Poésies (1870-1871).
 
Les rosiers ne portaient pas encore de fleurs,
Nous étions encore loin des premières chaleurs,
Dans l’ombre, vous traversiez en dansant la pelouse,
D’une façon que d’autres peut-être jalousent.
Je vous attendais, immobile, à la porte du jardin,
Avec dans la tête, trompette, basse et fifre.
Je ne voulais pas passer pour l’insupportable gandin,
Un diplomate ou une (quelconque) breloque à chiffres.
 
Prudent, je voulais à tout prix éviter tous les couacs,
Pour ne pas vous égarer ou pire, vous perdre, madame.
Je demandais à la raison de jouer les cornacs,
Mais vous savez, la passion, sa part, toujours réclame.
 
En amour, il y a en a qui déjà, jeunes, sont retraités,
Mais là, je ne pouvais parler pour ma pomme.
Puisque à ce moment, en amour suis-je tombé,
Sans doute, un jour mon cœur a fait la somme.
De toutes ces grandes choses et séduisants petits riens,
Qui font danser au cœur une belle sarabande,
Même si, je dois bien l’avouer, un brin contraint,
J’étais rentré dans votre vie en totale contrebande.
 
Je tenais à ne pas jouer les petits machos voyous,
Les cyniques, pour qui la vie n’est que « trombone »,
Alors que l’esprit et le corps étaient aussi doux,
Situation que d’autres auraient laissée aphones.
 
Je passais mes jours, à vous rêver et vous étudiant,
J’accumulais les sensations, celles que l’on interprète,
Qui vous laissent heureux ou parfaitement mourant,
Faut-il le dire, il s’agissait d’une offrande en fait.
 
Je voulais, avec instance, vous entretenir d’amour,
Mais nous gardions tout autant les pieds ancrés au sol.
Pour éviter, autant faire se peut, qu’un triste jour
L’existence, par un mauvais sort, devienne folle.
 
Mais maintenant, je peux vous le dire tout bas,
Nous partageons, vous et moi, les mêmes fièvres
Qui redonnent à nos regards tout leur éclat
Et qui enflamment passionnément nos lèvres.