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Je ne veux pas me faire virer non plus mais…

Par Cherche l'info •  • Dimanche 17/12/2006 • 0 commentaires • Version imprimable

Je n'étais pas à la représention de ce grand guignol médiatique. Pendant que la Begique vacillait virtuellement, je participais à la mise en selle (pas en scène) d'un groupe citoyen dans une commune du Brabant wallon. Je n'en ai donc vu que des extraits le lendemain… mais j'ai lu de nombreux articles dans la presse et consulté des blogs,…

Pour, Contre…, je vais être prudent comme Alain van Crugten (1). Je ne veux pas non plus me faire virer comme chroniqueur...

Pourtant….

Ce que l'on a pu sortir d'éthique, d'émission méphitique, de télévision publique à la pensée unique…
Des politiques pas contents, traumas et tralala…
Ici, un politicien trouve qu'il ne faut pas que les gens puissent douter que la télévision dit la vérité et ailleurs, un professeur très docte estime que ce n'est pas bien de faire ce genre de truc, déontologie et blabla, mais bon, que le citoyen est un peu c… de ne pas faire marcher ses méninges et son esprit critique… (Cela fait un peu " c'est la faute à l'opposition " d'un Ministre wallon mais il n'a pas tort). (2)
Pauvre citoyen qui ne peut plus croire sa télévision chérie… On lui bourre le mou toute l'année au citoyen et là, il devrait faire sa mijaurée.

On a aussi beaucoup parlé de déontologie pendant cette semaine…
Certains et non des moindres, comme Hugues Le Paige ou Pierre Delrock, l'ont fait certainement avec conviction et honnêteté.
D'autres, la bouche en cul de poule, avaient plutôt l'air de raler de ne pas avoir eu l'idée avant. " Pas de ça chez nous " disait le responsable d'une chaine commerciale, qui confronte pourtant plus que régulièrement ses spectateurs à des reportages sur les " bas-fonds " de nos villes comme si toutes nos quartiers n'étaient que des coupes gorges.
Ne prête-t-on pas à Tf1, par ses informations dirigées, la montée de Jean-Marie Le Pen. Si je respecte (voire approuve par certains côtés) l'avis des premiers, je ricane au nez des seconds.
De toute façon, ne soyons pas dupes. Il y a maintenant un continuum de l'information lato sensu qui vous font passer d'un sujet très sérieux sur l'influence du réchauffement climatique sur l'enneigement dans les Alpes (3) à une publicité sur les avantages de l'avion pour rejoindre votre station de ski. Ce ne sont pas les balises d'un décor d'émission qui feront éternellement la différence.
Que nos concitoyens reprennent leurs esprits… critiques serait une excellente chose.

Un ami, autre professeur d'université, me disait " Selon moi, c'était une bonne idée. Je ne comprends pas les réactions négatives (hypocrites) du monde politique. " Mais bon, c'est un ingénieur… Ces gens-là ne sont bien entendu pas des spécialistes de la communication. Il n'empêche… Pourquoi tant de virulence (à quelques exceptions près) de la part de nos élus francophones … Toucherions-nous à leur pré carré.
Michel Konen, dans La Libre, trouvait que " Cette émission a le mérite de mettre le débat sur la place publique, d'en faire la chose des citoyens. [] Il faut la prendre comme un appel à une réappropriation par le citoyen du débat public. "
" Faire la une sur les enjeux communautaires, le développement durable ou le Darfour devrait être la priorité mais, souvent, ces sujets lassent les lecteurs-téléspectateurs : trop compliqués, trop ennuyeux, trop tristes (4) " rappelait Béatrice Delvaux dans le Soir. " Pour les journalistes qui n'ont pas renoncé à traiter ces sujets qui comptent, il est devenu impératif d'explorer des voies nouvelles pour capter l'attention. C'est à ce titre que le JT-fiction de la RTBF, ovni médiatique, mérite une mention spéciale. L'audace, la créativité et le travail qui ont accompagné cette idée, sur un sujet majeur pour les prochains mois, démontrent la non-sclérose d'une profession. " (5)

Il est effectivement temps que le citoyen se réapproprie les débats de société parce que c'est sa société, son environnement, son avenir, sa décision… Ce n'est pas uniquement ceux d'intellectuels ou de politiques aussi respectables soient-ils.
Pour ne prendre qu'un dossier qui me tient à cœur, celui de Zaventem, ce sont des citoyens qui se demandent pourquoi on a vendu la BIAC à une société installée aux Bermudes, pourquoi les décisions de justice ne sont appliquées, pourquoi plusieurs dizaines de communes flamandes, wallonnes et bruxelloises sont-elles sacrifiées pour le fief d'un homme politique, pourquoi s'obstine-t-on tant à tromper les gens…
Ils se réapproprient peu à peu le débat mais en face, on pratique souvent la politique de la chaise vide.
La déontologie serait-elle finalement qu'un régime que l'on applique qu'à certains journalistes

Fallait-il ou ne fallait-il pas ?
Je ne suis pas assez malin pour vous le dire… mais cela aura au moins fait causer et réfléchir, jamais inutile pour une humanité sous perfusion médiatique et pour un pays où l'on se parle plus.


(1) Sur le site http://www.vincent-engel.com/article.php3?id_article=426
(2) Interview et débat sur la Rtbf et http://bulles.agora.eu.org/20061215_apprendre_le_neerlandais.html pour des commentaires (im)pertinents.
(3) http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=320218
(4) Dans ma précédente chronique, j'évoquais la même chose avec le film " Le jour d'après ".
(5) http://www.lesoir.be/dossiers/le_choc_RTBF/article_500575.shtml


Vous pouvez lire cette chronique et bien d'autres, sur le site de l'écrivain Vincent Engel, dans la rubrique "Poil à penser", où s'expriment différents chroniqueurs comme Claude Javeau, Alain Berenboom ou Hugues Le Paige mais aussi le porte-parole de Trop de Bruit, Denis Marion. Cliquez-ici pour consulter ce site.