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Le passeur d'eau

Par Gabriel Ney et Denis Marion • Des poèmes récents ou pas. • Samedi 29/03/2008 • 0 commentaires • Version imprimable

Entre les deux rives, entre tempête et calme,
Bien avenant, il donne la main à une dame
Pour l’aider à monter sur le pont du bateau
Le bateau romantique du passeur d’eau.

Derrière, une fermière et sa vache pleine,
Une bande gorets aux pensées malsaines.
Un petit vieux souffreteux et une valise
Sur laquelle, prudent, il garde la main mise

Une bande de joyeux drilles à bicyclettes
Se vantant, haut et fort, de leurs galipettes.
Un curé traîne aussi une morale archaïque
Enclin comme beaucoup à la casuistique

La dame se tient de bout à l’avant du bac,
Tenant serré contre elle un tout petit sac.
Elle regarde l’autre rive, sans désemparer
Jamais derrière, comme pour oublier.

Comme une licorne à la proue d’un navire,
Elle reste droite et puis, jette ses souvenirs.
Elle lance au loin ce petit sac qui lui restait
Et se retourne alors avec l’âme plus en paix.

Ce n’est pas tous les jours que l’on passe
Une dame de cette beauté, de cette classe.
Sur l’autre rive, le passeur garde cette main
Un peu plus longtemps qu’il ne convient.

Mais une longue route s’ouvre devant elle
Et lui restera avec une question éternelle
Pourquoi sur ces lèvres, ce dernier sourire,
L’idée certaine peut-être d’un bel avenir.